Des larmes et pourtant la joie

Etre toujours pessimiste, sombre, cynique est le seul moyen de survivre sur cette terre ; non pas survivre matériellement, mais être capable de résister au désespoir qu’il y a de naître pour qu’ensuite la mort vous arrache tout. C’est le moyen d’en rire, d’être ironique, de ne rien prendre trop au sérieux, sinon on s’attache et quand viendra l’heure fatale, il ne faudrait pas que le dernier soupir soit terni par une larme d’adieu malvenue :

« Tu pleures ? Ah ! non, cela jamais ! Non, ce serait trop laid, Si le long de ce nez une larme coulait ! Je ne laisserai pas, tant que j’en serai maître, La divine beauté des larmes se commettre Avec tant de laideur grossière !…Vois-tu bien, Les larmes, il n’est rien de plus sublime, rien, Et je ne voudrais pas qu’excitant la risée, Une seule, par moi, fût ridiculisée ! » Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac

J’ai toujours considéré que la Vie était futile et douloureuse, et ma propre vie ne m’a pas apporté de démenti formel de cet état des choses. J’ai alors toujours cherché d’autres compagnons qui, comme moi, tentaient de comprendre pourquoi ils étaient là, à souffrir inutilement dans ce monde. J’ai cherché chez ceux qui avaient déjà vécu et écrit, chez les artistes, les penseurs, puis chez les vivants, mes contemporains que je fréquentaient. Et toujours la même constance, la même lucidité, la même force. Comment faire comprendre que le sombre côtoie la joie, qu’il n’est rien de plus salvateur qu’un rire au bord du gouffre ?

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