Vendredi soir, dans l’excellente émission C dans l’air sur France 5 animée par Yves Calvi, le thème était la franc-maçonnerie au féminin. Comme souvent, les médias, papier ou télévisuel, aiment bien se pencher sur ce dossier, toujours porteur, fantasmagorique, mystérieux, étranger. Cette fois-ci ce fut adossé à une actualité chargée pour la F.: M.: française et mondiale : la sortie du dernier Dan Brown, Le Symbole Perdu dont l’intrigue se déroule au sein de la maçonnerie américaine, et en France les problèmes du G. O. (Grand Orient) pour savoir s’il faut ou non initier des femmes. Ce sujet me touche de près 😉 et il est pour moi l’occasion de revenir un peu sur mon parcours.
En fait, en matière de sociétés secrètes, j’ai touché un peu à tout ! Initiée Rose-Croix, Franc-Maçonne et Dame Templière (eh oui…) j’ai cherché en fait un moyen efficace, dans ma propre culture, pour apprendre à me connaître moi-même . En vraie humaniste, abreuvée de mes lectures historiques, philosophiques, et autres, j’ai pensé pendant longtemps que c’était au sein de mes propres traditions que j’allais trouver le chemin qui mène à l’injonction socratique. Je dois bien avouer que le rituel maçonnique, quand on le vit, porte une grande force fraternelle et une puissance capable d’éveiller les esprits. Mais ce mode-là, ésotérique (qui veut dire réservé à quelques initiés) est un mode massivement symbolique, et il n’est pas facile de trouver les clés du Savoir. Il faut étudier, beaucoup, et seul. J’en étaits capable, sans doute bien plus que beaucoup de mes frères et sœurs. J’ai donc entamé des études de philosophie et en particulier de philosophie comparée avec toutes sortes de courants spirituels, religieux, ésotériques, mystiques, etc… C’est long… c’est ardu : lire la Ptisis Sophia n’est vraiment pas aisé, et même si par exemple à la lecture de Plotin ou de Maître Eckhart je pouvais ressentir le frisson de la Connaissance, tout cela restait bien abstrait, théorique, aride. Le rituel maçonnique (ou autre…), la lecture des planches qui, dans mon obédience mixte, fondée par d’anciens de la GLNF (Grande Loge nationale de France, davantage portée sur la spiritualité et le symbolisme que le G.O, plus ouvert aux questions contemporaines) étaient largement symboliques, tout cela était une ouverture vers le chemin de la connaissance de soi… mais les degrés sont nombreux et les chausses-trappes cachées sous des couverts d’entente. Au final, je trouvais cela fort intéressant, très impressionnant, mais peu efficace.
Voilà pourquoi, aujourd’hui surtout, je considère le bouddhisme et la psychanalyse comme des voies bien plus légitimes, même si elle sont souvent dénigrées et méprisées, justement sans doute pour la rapidité et l’efficacité de leurs moyens ! En effet, il serait très malvenu que tous les individus de cette planète aient la possibilité d’avoir entre leurs mains les outils – non pas des silex mais des ordinateurs – pour façonner leur propre Liberté ! Comme la maçonnerie, tout cela reste limité, dans à quant-à-soi de bon goût. J’ai eu l’extrême chance de pouvoir utiliser ses instruments puissants. La grande différence avec les voies initiatiques ésotériques de notre tradition monothéiste est l’importance du maître, du guide, de l’ami. On va beaucoup plus vite dans la libération de Soi quand on est guidé par un autre qui a déjà fait la route ! De plus il n’y a aucune volonté de cacher, de garder secret des enseignements, même si dans certains branches du bouddhisme quelques enseignements du tantrisme ne sont pas à mettre entre toutes les mains. Mais la raison en est clairement établie : il ne s’agit pas de garder pour soi une formule magique, mais de mettre en garde les novices qui s’aventureraient sur des terres périlleuses. Car la force et l’efficacité de ces voies de libération tiennent aussi dans leur dangerosité : combien de fois ais-je entendu tel moine bouddhiste ou tel psychanalyste dire qu’il fallait être prudent car le maniement de l’esprit humain n’est pas aussi facile qu’une chirurgie plastique !
Aujourd’hui, après de nombreuses rencontres, je ne cherche plus que cela : l’efficacité. Dans mes discussions passionnées avec d’autres bouddhistes, par exemple, la question revient régulièrement sur le tapis. Le problème est alors de savoir ce que l’on veut : améliorer le samsara ou bien atteindre l’Eveil ? Avec la psychanalyse la question est identique : voulais-je juste aller mieux, ranger quelques névroses héritées d’un passé malsain, ou bien aller tellement bien, être totalement libre de moi-même et des autres que la vie ne serait plus qu’un long fleuve tranquille ?
P.S. Pour ceux de mes lecteurs qui aiment les mystères et Umberto Eco, ils peuvent se demander ce qu’il y a sous la rue du Temple, à quelques encablures du Conservatoire des Arts et Métiers 😉