Aujourd’hui nous avons la preuve que la politique, celle qui existe depuis le XIXe siècle, la politique platonicienne, fondée sur l’idéal, est en échec, qu’elle n’est plus celle qu’il faut poursuivre au XXIe siècle.
On voit des hommes politiques s’entre-tuer pour des idées, pour un futur qu’ils ne sont plus capables ni d’anticiper ni de décider, puisque c’est à présent le marché économique et l’Europe libérale qui dictent les orientations politiques. Les idées créés la souffrance, la misère, la déchéance de l’Europe d’aujourd’hui. Ce n’est plus l’avenir qu’il faut construire, c’est le présent qu’il faut sauver. Le futur n’est pas envisageable, car nous savons tous qu’il n’est pas très glorieux, si nous continuons avec cette réalité là. C’est donc ici et maintenant qu’il faut agir, c’est avec le monde, la société, le peuple tels qu’ils sont, tels qu’ils s’expriment qu’il faut penser et faire autrement.
Aujourd’hui, encore un peu plus, nous voyons que la politique telle qu’elle est pensée depuis 200 ans n’est plus en adéquation avec notre société. Las ! Ce qui devrait être à la pointe, le moteur de notre existence collective n’est plus qu’à la traîne d’une société et d’un monde qui eux avancent sans plus avoir de normes, de formes, de régulations. La politique d’aujourd’hui n’est plus capable de créer le monde de demain. Les idéaux sont morts, mais les Eglises, les Partis, les grands prêtres, les Inquisitions sont toujours là. Il faut donc nous en défaire, terminer le travail, commencer une nouvelle façon de faire de la politique.
Comment ? Peut-être en ouvrant davantage les vannes des expériences de chacun. On voit bien, ici ou ailleurs, que les citoyens sont bien plus inventifs, bien plus débrouillards et de bon sens que ceux et celles qui devraient leurs donner des idées. Les citoyens d’ici ou d’ailleurs vivent dans ce présent-ci, dans ce pays-là, et pas ou plus dans un monde idéal qui serait à venir. C’est ici et maintenant qu’il faut survivre, payer les factures, trouver un emploi. C’est donc toutes les stratégies des uns et des autres qui devraient constituer les armes pour penser la société. Il existe partout des centaines d’expériences locales, collectives, des entre-aides, des communautés qui essayent, qui tentent, qui prennent des bonnes idées mais qui ne veulent pas en faire des Absolus, des généralités kantiennes, bonnes pour tous, tout le temps et en tout lieu.
Ce qui est terrible et triste dans ce qui se passe aujourd’hui en France, comme en Europe, c’est cette surdité, cet aveuglement que les porteurs des grands idéaux nous font subir, car ils sont incapables de revenir à ce qui est juste devant eux, à la réalité que vivent les populations. Ils veulent voir trop loin, sans se douter que ce trop loin est déjà bien hypothéqué par ce qui se vit aujourd’hui.