Ce soir ou Jamais : Badiou et Gauchet
Quand le débat n’est plus, comme autrefois, une opposition clivante entre deux positions claires et définies. Quand le débat d’aujourd’hui, la pensée actuelle, accouche enfin de sa complexité si souvent annoncée depuis 30 ans. Aurait-on enfin (ou si peu) dépassé la dualité platonicienne de deux mondes antagonistes, c’est-à-dire de deux Idées du monde, cette dualité qui nous fait vivre depuis si longtemps et qui est le fondement de toute les politiques humaines ? Pouvons-nous enfin entrer dans l’ère de la complexité, où les idées qui s’échangent doivent être vraiment écoutées, comprises pour y répondre ? Les débats stériles de positions, comme celles d’il y a 100 ans dans les tranchées, avec à chacun, accroché au cou, la pancarte de « C’est moi qui possède la Vérité », sont-ils enfin derrière nous ? La subtilité, la délicatesse, l’intimité des Idées qu’il nous faut aujourd’hui proférer sont très éloignées des grossières prises de positions, tranchées, vindicatives et sans nuances qui ont fait les choux gras du politique au XXe siècle. Pourtant toute la classe politique ainsi que bon nombres des journalistes qui en chantent les louanges à longueur d’éditoriaux, professe encore et toujours ce même paradigme. Alors il nous faut écouter ceux qui pensent, et qui, en pensant, agissent bien plus pour le bien collectif que ceux et celles qui sont rémunérés pour cela.