J’ai repris le chemin de l’université ! Cela faisait 10 ans en fait que je n’y étais pas retournée : en 2005 j’ai préparé et obtenu une maîtrise de philosophie. 10 ans auparavant j’avais fait la même chose pour l’histoire ! Oui… je sais… j’aime bien passer des diplômes 😉 Certains aiment faire des cup cakes, d’autres font des marathons… moi, j’aime bien me triturer les neurones, c’est comme ça, tout le monde est différent.
Sauf que cette fois-ci, je suis sur les bancs de la fac avec un autre regard. En 2005, j’étais déjà moi-même enseignante mais avec peu d’expérience. Aujourd’hui, la donne est autre. J’ai surtout eu la chance d’enseigner dans un établissement unique où la recherche pédagogique est au cœur des pratiques quotidiennes, entre les enseignants et en co-construction avec les élèves. C’est pour cela que depuis un mois, mon expérience dans les salles de cours de l’université me fait parfois dresser les cheveux sur la tête. Pour faire simple : mes collègues de l’université, à la grande majorité, n’ont vraiment jamais entendu parlé d’innovation pédagogique ! C’est dommage pour une formation dont le cœur, le sujet même est l’innovation dans toute son étendue, qu’elle soit technologique, organisationnelle et surtout sociale.
En fait, je ne suis plus capable de rester parfois plus de 8h assise en cours, alors que durant des années j’ai prôné l’abandon de la pédagogie assise. Mais surtout, surtout, ce sont les cours magistraux qui me font le plus de mal. Et que dire de cette mode du PowerPoint ! J’ai toujours détesté ça, le PowerPoint, et ma détestation ne va qu’en s’accentuant. Il est très difficile de maîtriser l’art subtil de la présentation PowerPoint, car il faut à la fois savoir maîtriser l’écrit, l’ergonomie, l’esthétique presque, mais aussi l’oral. Rien de pire qu’un enseignant ou un professionnel qui ne fait que lire son PowerPoint ! Dans ce cas là, il faudrait aller au bout de cette logique, et faire des classes inversées comme cela commence à exister dans certains établissements du secondaire.
Les cours magistraux à la française, franchement, je n’en peux plus… mes collègues, sans doute parce qu’ils ont l’agrégation et une thèse et une habilitation qui va avec, ne se sentent pas le besoin de travailler leurs méthodes pédagogiques. Grand mal leur fasse, surtout dans une promotion comme la mienne où un quart des étudiants viennent d’autres pays voire d’autres continents, où cette tradition hexagonale est totalement inconnue. Mais il faut reconnaître qu’il est très difficile, quand on a des heures de cours à préparer, plus des publications à finir, de ne pas simplement reproduire ce que l’on connaît. Et c’est là que le bât blesse : il faudrait vraiment en France que l’on s’interroge longuement et sérieusement non pas tant sur les programmes (marotte encore une fois bien nationale) ou sur quelques dispositifs accessoires, mais bien sur le fond de la question : la pédagogie. On entent parler un peu, depuis quelques temps, dans les médias, de ces systèmes comme ceux de Freinet ou de Montessori, qui proposent d’autres façons de faire, et surtout d’autres éthiques sur la place du maître et de l’élève. Ce sont ces alternatives que j’ai eu la chance d’apprendre et de pouvoir mettre en œuvre dans mon enseignement. Cela demande une bonne dose d’adaptation mais avant tout (et je crains que ce soit ce qui manque à la majorité des professeurs de ce pays), une bonne dose d’humilité devant ses élèves qui ne nous doivent rien, mais qui sont les seuls maîtres de leurs apprentissages et de leurs formations. Ne pas avoir conscience un instant de ce fait quand on enseigne à de futurs professionnels à bac+5, je trouve que c’est pathétique et fatigant !