Je ne suis pas une fan de ce qu’on appelle la bit-lit… la littérature des crocs… celle qui décrit les affres, les amours, les sanglants retours des vampires. C’est très à la mode, les vampires, les zombies. Depuis Thriller de Mickael Jackson j’ai toujours regardé ces histoires de très loin. J’ai pourtant apprécié le film Dracula de Coppola sorti en 1992 avec un acteur que j’apprécie beaucoup, Gary Oldman.
J’ai lu beaucoup plus tard le livre de Bram Stocker, en Anglais, parce qu’il faut bien s’exercer sur des classiques. J’ai aussi beaucoup apprécié Entretien avec un Vampire, de Neil Jordan sorti en 1994, avec Brad Pitt et Tom Cruise. Je n’ai pas encore lu la série de livres du même titre d’Annie Rice, mais cela ne saurait tarder. Beaucoup de films de vampires dans les années 90, beaucoup de films de vampires avec des acteurs charmants. On est très loin des premières images de Nosferatu… beaucoup de films tirés de livres à succès.
Et c’est bien ce que j’ai ressenti en lisant, coup sur coup, le célèbre Je suis une légende de Richard Matheson paru en 1954 (!) et dont bien sûr on a fait un film à succès, en 2007, avec un autre acteur charmant, Will Smith ; et la trilogie de Deborah Harkness, Le Livre perdu des Sortilèges, dont pour l’instant on n’a pas encore fait une adaptation cinématographique ou télévisuelle.
Le point commun de ces deux œuvres : ce sont des romans fantastiques qui parlent de vampires. Et pas que. Dans Je suis une légende, dont le livre et en particulier la fin sont très différentes de ce que présente la version hollywoodienne, Robert Neville survit depuis plusieurs années dans un monde post-apocalyptique, tout seul, confronté à des créatures qui dont clairement décrites comme des vampires.
Synopsis
Chaque jour, il doit organiser son existence solitaire dans une cité à l’abandon, vidée de ses habitants par une étrange épidémie.
Un virus incurable qui contraint les hommes à se nourrir de sang et les oblige à fuir les rayons du soleil… Chaque nuit, les vampires le traquent jusqu’aux portes de sa demeure, frêle refuge contre une horde aux visages familiers de ses anciens voisins ou de sa propre femme. Chaque nuit est un cauchemar pour le dernier homme, l’ultime survivant d’une espèce désormais légendaire.
Dans la trilogie de Deborah Harkness, le monde des humains côtoie, sans le savoir (un peu comme les Moldus de Harry Potter) le monde des démons, des sorcières et des vampires… rien que ça.
Synopsis du T1, Le Livre Perdu des Sortilèges
Diana Bishop est la dernière d’une longue lignée de sorcières, mais elle a renoncé depuis longtemps à son héritage familial pour privilégier ses recherches universitaires, une vie simple et ordinaire. Jusqu’au jour où elle emprunte un manuscrit alchimique : L’Ashmole 782. Elle ignore alors qu’elle vient de réveiller un ancien et terrible secret, et que tous – démons, sorcières et vampires – le convoitent ardemment. Parmi eux, Matthew Clairmont, un vampire aussi redoutable qu’énigmatique. Un tueur, lui a-t-on dit. Diana se retrouve très vite au coeur de la tourmente, entre un manuscrit maudit et un amour impossible.
Synopsis du T2, L’Ecole de la Nuit
L’historienne Diana Bishop, issue d’une lignée de sorcières puissantes et le vampire Matthew Clairmont ont violé les lois de séparation des créatures. Lorsque Diana a découvert un manuscrit alchimique magique à la Bodleian Library, elle a déclenché une lutte dans laquelle elle est devenue liée à Matthew. Maintenant la coexistence fragile entre sorcières, démons, vampires et humains est dangereusement menacée.
Cherchant la sécurité, Diana et Matthew ont voyagé dans le temps pour se retrouver à Londres, en 1590. Mais ils réalisent vite que le passé n’est un havre de paix. Retrouvant son ancienne identité en tant que poète et espion de la reine Elizabeth, le vampire retombe avec un groupe de radicaux connus sous le nom de l’École de la Nuit. Beaucoup sont des démons rebelles, les esprits créatifs de l’âge, dont le dramaturge Christopher Marlowe et mathématicien Thomas Harriot.
Ensemble Matthieu et Diana chercheront le Londres des Tudor pour trouver le manuscrit insaisissable, l’Ashmole 782, et la sorcière qui va enseigner à Diana comment contrôler ses pouvoirs remarquables.
Synopsis du T3, Le Noeud de la Sorcière
Diana Bishop et Matthew Clairmont reviennent dans le présent pour affronter d’anciens ennemis et de nouveaux dangers. Dans le domaine ancestral des Clairmont à Sept-Tours, la sorcière et le vampire vont retrouver presque tous les protagonistes du Livre perdu des sortilèges – à une exception près. Une terrible menace pèse sur leur avenir, et elle ne se dissipera que s’ils parviennent à récupérer les pages manquantes de l’Ashmole 782. Mais ils ne sont pas les seuls engagés dans cette quête et le temps presse, car la grossesse de Diana arrive à son terme. Des vieux châteaux en laboratoires universitaires, s’appuyant sur des savoirs séculaires aussi bien que sur les sciences modernes, depuis les collines de l’Auvergne jusqu’aux palais vénitiens, Diana et Matthew, décidés à protéger leur amour défendu coûte que coûte, finiront par découvrir le secret extraordinaire que les sorcières ont percé voilà des siècles et des siècles.
La principale différence entre ces deux romans, c’est… la longueur. Plus de 1500 pages pour le Livre Perdu tandis que Je suis une Légende vous fait vibrer et frissonner avec seulement 230 pages !! Pour le coup, je ne suis pas certaine que la quantité soit gage de qualité. J’ai beaucoup aimé le livre de Matheson, car il va justement à l’essentiel et dresse un constat implacable d’une réalité du monde qui pourrait être le nôtre. En effet, les vampires sont avant tout des gens ordinaires qui ont été contaminés par une bactérie vampiris, propagée par les tempêtes de sables et les vents houleux nés d’une guerre, que l’on peut imaginer nucléaire. Il y a deux sortes de vampires, les vrais non-vivants, vampires qui ont toujours existé dans les légendes humaines, et les vivants seulement contaminés, et devenus agressifs, suceurs de sang mais qui conservent leur entendement humain. Ces êtres là, ne sont plus humains, ils forment une société parallèle, qui pourrait bien être celle dans laquelle nous vivons… ne dit-on pas parfois que nous devenons de plus en plus des machines, des zombies, des êtres ultra violents et hyperindividualistes. Les vampires de Matheson sont issus de la tradition classique : ils ne sont pas fréquentables car ils veulent la mort du héros, Robert, qui devient le seul représentant de l’espèce morte alors, celle des humains « normaux ». Ces vampires là n’ont rien de charmeurs, rien d’érotiques, même si Robert Neville qui a perdu sa femme, devenue elle aussi une morte-vivante, a été définitivement éliminée suivant la tradition (pieu dans le cœur), ressent bien les affres de la frustration sexuelle dans cette ville désertée depuis de longs mois, quand les vampiresses tentent de le faire sortir de sa maison-bunker en s’offrant à lui ! D’ailleurs je n’ai pas trop compris ces passages du livre… c’est un peu glauque, de se dire que le héros baiserait bien des mortes-vivantes car il ne s’est pas mis un bout de chair fraîche non pas sous la dent mais dans le corps ! C’est un peu éloigné de l’érotisme qui pouvait parcourir les écrits de Bram Stoker et dont la série Twilight a fait ses choux gras.
Les vampires ici sont des créatures de la nuit, qui ne supportent pas le soleil du jour, que l’odeur de l’ail fait fuir et que l’on élimine en leur enfonçant un pieu de bois dans le cœur, en les décapitant et en les faisant brûler dans un brasier ! C’est d’ailleurs étrange de lire dans un livre post-apocalyptique ces éléments qui ressemblent bien plus à des superstitions roumaines 🙂 On se dirait presque dans Le Bal des Vampires de Polanski… et j’ai eu plusieurs fois le sourire aux lèvres, sans doute influencée par le film tiré du livre qui lui joue plus sur les codes de la science-fiction. Il y a comme un télescopage entre ces éléments de la légende populaire et la réalité décrite d’un monde décadent.
Chez Deborah Harkness rien de tout cela et c’est très étrange. Les deux héros principaux de la Saga, Diana Bishop et Matthew (ou Mathieu car il est français) Clermont sont respectivement une sorcière et un vampire. Ils sont entourés d’autres créatures, comme les démons qui n’ont absolument rien de démoniaques ou de sataniques. Les démons sont justes les êtres qui sur cette Terre sont un peu plus fantasques, illuminés, hurluberlus… ils ne sont pas méchants. Comme les vampires d’ailleurs ! Et c’est là que la série m’a un peu (c’est peu dire) énervée : à part le fait qu’ils soient immortels et magnifiques physiquement, les vampires n’ont rien de spécial. On ne les voit jamais courir la forêt à la quête de sang frais. Plus que le séduction c’est leur instinct de protection (ils vivent en meute) qui est mis en avant. Rien de bien gênant ni de politiquement incorrect. C’est même plus lisse et hygiénique que dans Twilight, c’est pour dire ! Dans le troisième tome, le héros Matthew Clermont dit même à des étudiants de l’Université de Yale qu’il n’a rien de spécial, qu’il ne se change pas en chauve souris la nuit, que son reflet existe bien dans le miroir, qu’il n’est pas allergique à l’ail, qu’il ne scintille pas au soleil, qu’il ne dort pas dans un cercueil… bref, on se demande ce qu’il est alors ! On sent bien ici que le mythe du vampire perd de sa saveur et de son obscurité, pour apparaître davantage comme un énième bellâtre, qui ne dépareillerait pas dans un roman Halerquin ! On est très loin des effets de catharsis que ces histoires de monstres pouvaient amener autrefois. Le vampire, comme le loup-garou, le sorcier, le démon… devient petit à petit un être humain comme les autres, et c’est bien dommage. On veut absolument tout ramener à notre existence humaine, même les animaux aujourd’hui. L’intérêt de ces mythes ancestraux est de nous dire qu’il n’y a pas que nous ici-bas, que le monde est vaste et mystérieux. Avec Harkness, j’ai eu l’impression de lire un roman d’amour à l’eau de rose, car oui, Diana la sorcière et Matthew le vampire tombe éperdument amoureux l’un de l’autre, au grand damne de la Congrégation, l’organisation qui fait régner la paix entre les Créatures.
Malgré les 1500 pages, et outre les longueurs inévitables, j’ai surtout été déstabilisée par le manque parfois total de ligne directrice de l’auteure. On a souvent l’impression qu’elle ne sait pas elle-même où elle nous emmène, et c’est très perturbant pour la lectrice. Certains éléments essentiels à l’histoire sont mal explicités, restent flous et vous mettez plusieurs pages à comprendre de quoi il en retourne. Mais pourtant j’ai lu les 3 volumes, car c’est un bon divertissement, qui vous change les idées en ces jours d’hiver très froid !
J’ai pourtant, et de loin, préféré Matheson et son roman précis et chirurgical qui fait frissonner et dont la fin est totalement différente du film… mais je ne vais pas vous spoiler… mais tout de même, c’est très différent !! Le héros n’est pas du tout la même légende…