J’ai visité… OpenLande

Ça bouillonne dans le pays nantais ! Il n’y a pas qu’à la ville que les réalités bougent, que les consciences s’activent et que les projets naissent. On peut aussi faire des choses extraordinaires dans des coins de campagne où la brume du marais vous enveloppe tous les matins.
L’urgence des transitions sociétales, le fait que le climat devient fou (il suffit de voir les orages violents et quasi tropicaux qui se sont abattus en France ces dernières semaines…), la perte trop rapide de la biodiversité, la nécessité de recréer du lien et de la coopération entre les êtres humains, sans parler de l’évidente remise en cause du modèle économique capitaliste, tout cela nous oblige à agir, à nous bouger, à nous mettre en mouvement. Nous sommes nombreux dans cet état d’esprit et les convergences des luttes commencent à surgir, au niveau local du moins. Ce qui fera la différence c’est le nombre, c’est la masse, c’est l’élan collectif qui nous permettra de comprendre que l’on n’est pas seul et qu’à plusieurs on va plus loin.
Il faut donc pouvoir mettre en synergie les projets, faire se rencontrer les gens qui font, qui ont des idées, qui veulent s’investir, car il n’y a que dans la coopération que la résilience à la catastrophe qui vient pourra émerger. Pour cela il y a plein d’espaces, de lieux, de collectifs, de Fab Lab, d’espaces de coworking, d’incubateurs, de clusters… mais ils sont souvent en centre-ville, parce que malheureusement pour beaucoup de contemporains ce ne peut être qu’à la ville que les innovations éclosent.

Un projet innovant près de Notre-Dame des Landes

Mais heureusement, il y a aussi de la vie et des idées à la campagne !
OpenLande est à la fois un lieu et un projet. Le projet peut exister sans le lieu. Mais quel lieu… ce serait dommage !
À Vigneux de Bretagne, à 25km au nord-ouest de Nantes, au cœur de la zone protégée et humide autrefois dévolue à la construction d’un hypothétique aéroport international, il existe un endroit caché et magnifique. C’est Land Rohan, où Bernard Brémond, un entrepreneur dans l’immobilier, a construit un espace professionnel au milieu de la campagne.


Autour d’une maison de maître du XIXe siècle, des bâtiments contemporains ont été élevés sur un territoire de 72 ha où la nature à toute sa place et se retrouve même au centre de la vie humaine. C’est cet ensemble alliant architecture, culture et nature, que le projet OpenLande a posé ses valises.

Quand on se balade autour de cette maison, c’est tout d’abord le calme, le silence même qui nous entoure et qui nous fait du bien.

J’ai beau habiter à quelques kilomètres de là, je vis encerclée de champs et de vie, alors que la zone humide, la zone à protéger a été préservée du remembrement et de l’agriculture, puisqu’elle était vouée à la bétonisation du futur aéroport. C’est le paradoxe et la chance de Notre-Dame des Landes. Quand je suis arrivée le matin, il était pourtant 10h, et il y avait encore cette atmosphère mystérieuse et brumeuse que j’aime tant dans ce coin de campagne. Une sorte de micro-climat où l’humidité remonte du sol à l’aube et nimbe les paysages d’un souffle de dragon. Le lieu a donc été aménagé depuis longtemps, et on trouve une ferme en lien avec le centre équestre voisin, des tentes pour héberger des visiteurs, des hangars et des maisons où l’on peut aussi recevoir du public.

L’eau est partout présente, sous forme de bassin artificiel ou d’espace naturel laissé à la vie sauvage. Quand on se promène dans le parc, on tombe sur des statues de bois ou de métal réalisées par Serge Sangan, qui apportent un peu de matière froide à cet environnement vert et liquide.

Un lieu, un projet et des humains…

OpenLande c’est avant tout des femmes et des hommes, 4 au départ, autour de Walter Bouvais, co-fondateur du magazine TerraEco : Sandrine Lemoalle, Nathalie Decock et Sylvain Mauger. L’idée principale est de proposer une méthode pour faire émerger des projets à contre-courant qui vont avoir un impact écologique et social tangible. Pour cela il faut attirer les talents, et ce, pas uniquement dans les domaines techniques ou industriels. La culture et les arts ont également une place centrale dans ces convergences, car c’est le récit, le réenchantement de la société par de nouvelles mythologies, par de nouvelles histoires qui feront aussi changer les mentalités. C’est bien ce que disent Cyril Dion et d’autres ! L’humain a besoin d’histoires, de croyances, d’imagination pour modifier ses représentations, surtout quand celles-ci sont figées dans nos esprits telles des lois universelles, comme celle du progrès et de la croissance. OpenLande se veut un lieu et un projet qui anime et accompagne les « idéateurs », ceux et celles qui ont des idées. Mais ce n’est pas un énième incubateur. C’est par le faire ensemble, la coopération que les choses pourront bouger.

Pour l’instant, OpenLande débute et fait appel à des projets autour de 8 thématiques, qui ne sont pas exhaustives : énergie, habitat, mobilité, agroécologie, low-tech, numérique, art&culture, déchets. À partir de fin août et durant plusieurs semaines, des porteurs de projets viendront vivre sur place une semaine en complète immersion pour se faire accompagner et voir si leurs idées peuvent se concrétiser. La problématique de tout ce genre d’initiatives est bien sûr le modèle économique. À OpenLande on n’a pas peur de discuter d’entrepreneuriat, car même si le profit n’est pas le but, il faut pouvoir parler sans fausse pudeur de rentabilité et de viabilité. Nous ne pourrons pas faire bouger les normes de la société avec des idées pures et en maugréant contre l’argent. C’est l’argent roi et la financiarisation de l’économie qui sont les sources du problème, mais tout le monde n’est pas prêt à l’autarcie et la totale décroissance. Chacun fait des choix de vie, qui sont aussi souvent des choix familiaux et chacun doit pouvoir faire sa part et trouver sa place. C’est pour cela qu’OpenLande construit son propre modèle économique autour de l’accompagnement des projets, mais aussi de la mise à disposition du lieu, de ces espaces naturels et des bâtiments pour du co-working, des stages de formation, des séminaires ou des évènements professionnels toujours en lien avec les transitions sociétales. Ainsi il y a quelques semaines, OpenLande a reçu le colloque national de la Fondation pour la Nature et l’Homme (ex-fondation Hulot).

Alors si vous avez des idées, si vous voulez travailler dans un autre environnement que celui de la Cantine, du quartier des Créateurs ou des Ecossolies de Nantes, si vous voulez découvrir un nouveau projet, vous pouvez aller visiter OpenLande qui ouvre ses portes les vendredis matin et qui accueille les porteurs de projet. Vous pouvez les contacter sur leur page Facebook ou sur leur site

4 commentaires sur “J’ai visité… OpenLande

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