Du fleuve à la mer

Partir est toujours un grand plaisir. Comme si le point fixe, le lieu unique était une prison, indéfinie. Il faut toujours que je parte, et le souffle que je ressens à la veille de chaque départ est encore merveilleux. Je ne pars pas très loin, point de voyage en Orient… mais un petit tour de France vers des inconnus. D’abord un stage de violoncelle dans l’Orne, dans un cadre qui à l’air, ma fois, fort agréable et très accueillant. J’ai hâte de passer des journées à jouer de la musique, seule et avec d’autres ; j’ai hâte surtout de faire des rencontres. Ensuite, direction le sud-ouest, pour une grosse semaine de méditation et de philosophie bouddhiste en Dordogne, le nouveau repaire du bouddhisme occidental 🙂 Ensuite ? Ensuite ce sera au feeling… famille, amis, montagnes ou bord de mer (vous allez me dire que je suis bien idiote de quitter ma côte d’Amour pour d’autres rives tout aussi océaniques). J’aime bien ces petits tours de France, prendre la voiture, préparer un itinéraire tout tranquille, voir du pays, voir des gens. Je dois vous avouer que la baie de la Baule en plein boum touristique ça perd grandement de son charme ! Je m’en doutais un peu, je dois avouer… pas très fan que je suis des masses de touristes homardisants sur des plages de sables fin. Je préfère la mer que la plage. Mais promis, quand je rentre (quand ?) je prends des cours de voile au Pouliguen dans la meilleure école de voile, il paraît, de la côte !

« Non, fit Siddhartha, ce n’est pas cela, Kamaswami est aussi intelligent que moi et ne possède pas en lui ce refuge. D’autres le trouvent aussi en eux, qui, pour l’intelligence, ne sont que de petits enfants. Presque toutes les créatures, ô Kamala, ressemblent à la feuille qui, en tombant, tournoie dans l’air, vole et chavire en tout sens avant de rouler sur le sol. D’autres au contraire, le petit nombre, ressemblent aux étoiles ; ils suivent une route fixe, aucune bourrasque ne les en fait dévier ; ils portent en eux-mêmes les lois qui les régissent. Parmi tous les savants et les Samanas que j’ai connus, il n’en existe qu’un de cette sorte, un être parfait, dont je ne perdrais jamais le souvenir. C’est ce Gotama, le Sublime, le créateur de la doctrine que tu sais. Chaque jour des milliers de jeunes gens l’écoutent et, heure par heure, s’appliquent à suivre ses préceptes ; mais tous sont comme ces feuilles qui tombent ; aucun d’eux ne porte en lui-même sa doctrine et sa loi. » Hermann Hesse, Siddhartha.

Autrefois j’ai connu un samana, qui n’en était pas un d’ailleurs. Where is he now ? Where is the moutains that can fill his dreams ?

« Il considérait d’un œil attendri l’eau courante du fleuve, sa couleur d’un vert diaphane et les lignes cristallines de ses mystérieux dessins. Il voyait des perles brillantes monter de ses profondeurs et, à sa surface, des globules qui flottaient doucement et dans lesquels se reflétaient les teintes azurées du ciel. Le fleuve aussi le regardait de ses mille yeux verts, blancs, bleus, argent. Le sentiment qu’il éprouvait pour lui c’était à la fois de l’amour, du charme, de la gratitude. Dans son cœur il écouter parler la voix qui s’était réveillée et qui lui disait : « Aime-les, ces eaux. Demeure auprès d’elles. Apprends par elles !  » Oui, il apprendrait par elles, il devinerait leurs secrets, il acquerrait le don de comprendre les choses, toutes les choses, et de pénétrer dans leur mystère. » Hermann Hesse, Siddhartha

Moi aussi j’aime un fleuve, lointain et mystérieux. Faut-il vivre auprès de ses rives pour apprendre ? Pourquoi toujours repousser l’inéluctable et continuer à faire semblant ?

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Le fleuve Indus à Skardu, Baltistan (Pakistan)
Et toujours cette sensation, que je repousse de plus en plus, qu’ici n’est pas pour moi, qu’ici n’est pas chez moi. Alors je pars, je repars, je reviens souvent mais je vagabonde bien plus, entre les fleuves, les océans, les hommes et les fantômes.

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