TJ Klune : quand la romance nous apprend la tolérance

J’ai découvert récemment un auteur états-unien qui a retenu mon attention. TJ Klune est originaire de l’Oregon il est né en 1982 et il mêle avec beaucoup de talent le fantastique et la romance LGBTQ+. J’ai commencé par lire un roman one-shot, La Maison au milieu de la Mer Céruléenne. Comme beaucoup j’ai été attirée par le titre fort énigmatique et la couverture de l’ouvrage qui, il faut bien le reconnaître, fait très envie et fait partie du succès du roman.
Le livre nous fait entrer sans aucune indication préalable, dans un monde fantastique qui pourrait être le nôtre mais qui ressemble tout de même beaucoup à un régime totalitaire.

l’histoire

En effet, on apprend qu’il existe un Ministère de la Jeunesse magique qui a en charge des orphelinats qui s’occupent d’enfants extraordinaires, aux pouvoirs magiques qui peuvent être bénéfiques ou bien maudits. Le héros est Linus Baker, 40 ans, célibataire qui vit dans une maison un peu triste, à côté d’une voisine pénible et en compagnie d’un chat acariâtre et capricieux. Il visite les orphelinats des jeunes êtres magiques pour s’assurer qu’ils reçoivent une bonne éducation et qu’ils sont bien traités. Un jour, il est envoyé par les Cadres Extrêmement Supérieurs dans une île étrange, Marsyas, où il fait toujours beau et où vivent des enfants aux pouvoirs étranges voire dangereux. Cette institution est dirigée par un directeur qui est dans le viseur du Ministère, Arthur Parnassus. Que va faire Linus dans cette galère ? Les dossiers classés top-secrets des enfants lui apprennent qu’il va rencontrer…… l’Antéchrist. Lucy, c’est son nom, est pourtant un enfant tout à fait attachant, tout comme la vouivre Théodore, le gnome Talia qui est une fille à barbe, l’esprit de la forêt Phee, Sal le métamorphe et Chauncey…… la créature verte à tentacule un peu mou qui veut être groom dans un hôtel. Linus Baker est un être lui-même attachant même s’il a le pouvoir de fermer l’orphelinat et de disperser ses enfants extraordinaires au détriment de l’esprit de famille qu’Arthur Parnassus essaye de créer pour eux. Mais Linus va se laisser happer par la tendresse et la vie joyeuse qui règne sur l’île, même si les blagues de Lucy lui font perdre parfois connaissance. Il va également se laisser séduire par Arthur ! Car oui, le roman est une romance qui nous raconte les amours de deux hommes.

UNE ROMANCE POUR LA TOLÉRANCE

En effet, l’un des aspects les plus remarquables de La Maison au milieu la Mer Céruléenne est la représentation positive et nuancée de la romance LGBTQ+. Les personnages principaux de l’histoire, Linus et Arthur, sont tous deux des hommes gays, et leur relation est dépeinte de manière affectueuse et authentique. Il n’y a pas de clichés dans la description des personnages et de leur relation, tout est normal, logique : c’est juste un amour qui naît entre deux êtres humains. L’auteur aborde les défis et les préoccupations auxquels sont confrontées les personnes LGBTQ+ dans la société, notamment l’homophobie et la discrimination, mais il équilibre son point de vue avec une grande tendresse et une grande affection pour les personnages. Les deux hommes sont malhabiles, timides dans leurs séductions l’un envers l’autre, même si dans cet univers parallèle dans lequel on aimerait vivre, ces questions de « qui aime qui  ? » ne posent aucun problème à personne. C’est bien plus les réactions des habitants du village voisin envers les enfants extraordinaires qui eux posent problèmes et qui montrent l’intolérance que les êtres différents peuvent susciter. L’intelligence de l’auteur est de détourner le regard du lecteur sur ces enfants qui ne sont pas acceptés au lieu de dépeindre une société qui ne tolérerait pas les amours homosexuelles. Et le message passe d’autant mieux : pourquoi s’acharner sur la différence des enfants quand celle des amours n’en est pas une ! Voilà la question que TJ Klune pose à notre monde.

L’autre attrait du livre ce sont les personnages, les enfants comme les adultes. Les enfants ont tous leurs caractères comme leurs propres pouvoirs. Lucy l’Antéchrist est d’abord un enfant, et la philosophie du directeur est de ne pas présupposer un destin tout tracé pour un être aussi jeune. Ce n’est pas parce que tout le monde a peur de vous, que vous pouvez détruire le monde, que forcément vous allez le faire. Tout est question de choix et Lucy se montre au fil des pages un Antéchrist espiègle, qui partage avec Linus l’amour des disques vinyles, avec une bonne dose d’humour. Il en faut d’ailleurs quand on vous prédit le pire. Mais peut-être que l’éducation et l’amour sont les secrets d’une vie réussie ? Encore une question que l’auteur nous pose et auquel le roman apporte une réponse simple et limpide. Linus et Arthur sont des personnages bien développés, avec des personnalités distinctes et des expériences de vie qui façonnent leur manière d’aimer et d’être aimé. Leur relation romantique est traitée avec respect et sensibilité, et leur amour est présenté comme étant aussi profond et significatif que toute autre romance. Les lecteurs LGBTQ+ trouveront probablement cette représentation très réconfortante et gratifiante, tandis que les lecteurs hétérosexuels peuvent gagner en compréhension et en empathie en lisant cette histoire d’amour touchante.

A faire lire de toute urgence

En fin de compte, La Maison au milieu de la Mer Céruléenne est un roman fantastique enchanteur qui présente une histoire d’amour LGBTQ+ qui est authentique, tendre et nuancée. TJ Klune a créé un monde magique et merveilleux dans lequel les lecteurs peuvent s’immerger, mais c’est la romance entre Linus et Arthur qui touche le plus les lecteurs. Ce roman est un exemple inspirant et émouvant de la façon dont les romans peuvent contribuer à une plus grande compréhension et à une plus grande tolérance dans notre société. C’est un livre à mettre entre toutes les mains des adolescents : ceux qui se posent des question sur leurs genres ou leur orientation sexuelle, et ils sont nombreux, et surtout ceux et celles qui ne s’en posent pas et qui pourraient être amenés à croiser les chemins de jeunes personnes qui vivent des choses différentes d’eux. C’est aussi un livre à mettre entre les mains des adultes, car franchement on n’est pas du tout habitué (en tout cas pour ma part !) à lire des romances fantastiques LGBTQ+ qui posent une réalité avec autant d’évidence et qui rendent une réalité de notre société si facile d’accès. J’ai tellement aimé cet auteur et son univers que j’ai rempilé avec une saga, celle du Chant du Loup qui pour l’instant tient toutes ses promesses. A suivre donc dans une autre chronique.


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