A la croisée des mondes : sortir ou non du capitalisme ?

Dans un essai prémonitoire publié en 2009, Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, le journaliste Hervé Kempf raconte une de ses interventions au Sénat où, au milieu de l’oligarchie économique, politique et médiatique de notre pays (sénateurs de bon tons, les patrons du CAC 40, les journalistes vedettes de l’époque, le MEDEF, les « penseurs » du néo-libéralisme comme Jacques Attali, Luc Ferry ou Claude Allègre), il posa ce constat :

«  Si l’on veut éviter l’approfondissement de la crise écologique, sur le principe, c’est assez simple : il s’agit collectivement que nous réduisions notre impact sur la biosphère. Réduire l’impact sur la biosphère, c’est à nouveau assez simple, c’est limiter nos consommations matérielles, réduire nos consommations de pétrole, de bois, de zinc, d’or, de fer, de toutes les matières qui transforment notre environnement quotidien. Donc, réduire notre consommation matérielle collective, et particulièrement dans les pays les plus riches. Ce n’est pas aux habitants du Niger ou du Guatemala qu’on va demander de réduire leur consommation. C’est au milliard des habitants des sociétés les plus riches, et au sein de ce milliard d’habitants, aux 500-600 millions des classes moyennes. Mais les classes moyennes ne vont pas accepter de choisir d’aller vers une baisse de la consommation matérielle si on continue à rester dans cette structuration profondément inégalitaire de nos sociétés avec une couche assez mince d’hyper-riches, que j’appelle oligarchie, qui accumule revenus et patrimoine au détriment de l’ensemble de la société. Et donc l’enjeu écologique passe par une régulation des relations sociales, par la redistribution des revenus. » Et je proposai de mettre en place le revenu maximal admissible. »

Les caciques du régime lui répondirent, avec un mépris crasse, qu’il était hors de question pour eux de revenir « à l’âge de pierre » !

La crise écologique est aussi une crise sociales, toutes deux causées par le capitalisme

Dans cet essai stimulant, surtout quand on sait qu’il a été écrit il y 10 ans, tout est déjà dit et posé, et surtout c’est une analyste très fine de ce qui est en train de se passer en France.

« La condition essentielle pour rendre compréhensible la baisse de la consommation matérielle – je ne dis pas « rendre acceptable », parce que je pense que cette baisse s’imposera – est que la richesse collective, qui restera extrêmement importante, soit orientée vers des activités socialement utiles et à faible impact écologique.
Par exemple, l’étalement urbain rend indispensable la possession d’une automobile. En France, il  est en partie causé par l’inégalité sociale, dont le creusement a conduit les plus riches à investir les centres urbains. Les sociologues observent ainsi que le prix du foncier décroît à mesure que l’on s’éloigne du centre. Au cœur des villes, les cadres supérieurs, autour les cadres moyens, en banlieue les professions intermédiaires et les employés, et enfin, dans le rural, les ouvriers. Faute de moyens de transport en commun, ceux-ci dépendent de leur automobile pour aller au travail, à l’école, et faire les courses. Faire reculer la spéculation foncière – en abaissant le revenu des plus riches – et redensifier les villes, voilà qui limitera le caractère indispensable de la voiture, en raccourcissant les distances et en rentabilisant les transports collectifs. Lutte contre l’inégalité et progrès écologique vont de pair.
Est-il besoin de dire que la réduction du temps de travail est indissociable de l’écologie sociale ? Il ne faut pas produire plus. En revanche, il faut mieux répartir le travail, en favorisant l’activité des jeunes, des seniors, des femmes. Et le temps libéré par le travail permettra aux citoyens de participer aux délibérations politiques autrement qu’en regardant, assommés de fatigue, le journal télévisé du soir. »

Pour l’auteur, la crise écologique est une crise du capitalisme (ça va mieux en le disant) et il est erroné de penser que la technologie nous sauvera. Il y a 10 ans, il est vrai que l’on en était là : on croyait à la croissance verte et développement durable. Depuis, les choses s’accélèrent et Kempf le sentait : les catastrophes naturelles et les flux migratoires vont nous obliger à changer :

« La multiplication des désordres météorologiques – inondations, sécheresses, incendies – va altérer le confort apparent des pays développés. L’égoïsme continu des pays riches à l’égard des populations pauvres les plus sujettes aux premiers effets du changement climatique va accroître les pressions migratoires, et les tensions sociales dans les pays d’accueil. »

Pour lui, la seule solution est une réduction drastique de notre consommation en général et de notre consommation énergétique en particulier. Il parle de sobriété et de décroissance, même si ce n’est pas là le cœur du livre, centré sur une belle démonstration du titre : c’est le système économique que l’on doit changer. Mais, dit l’auteur, pour lutter contre le réchauffement climatique il faut prendre des mesures politiques courageuses qui ne pourront être mises en place que, en parallèle, par une vraie action sociale de redistribution des richesses.

« Le choix est politique. Car il ne sera pas possible d’aller vers une société de sobriété énergétique sans une politique de redistribution. Pour une raison simple : le transport et le chauffage – les deux principaux domaines où réaliser les économies – pèsent proportionnellement plus sur le budget des ménages modestes que sur celui des ménages plus aisés. Et le gaspillage, même s’il est répandu dans toute la société, est le plus prononcé chez les plus riches. Diminuer la consommation d’énergie appelle donc des politiques modulant l’effort financier à fournir selon les classes de revenu et développant des moyens collectifs que le jeu du marché ne pourra seul assurer. »

Un essai qui résonne aujourd’hui

C’est exactement le problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui et pour lequel les gilets jaunes se sont levés, et c’est exactement ce que le gouvernement actuel N’A PAS FAIT !

Pourtant, le mouvement des gilets jaunes n’a rien de révolutionnaire ou d’anti-capitaliste, bien au contraire. Il est totalement et malheureusement empêtré dans le monde néo-libéral, sans forcément le vouloir. Mais en même temps (!), les actions de ces derniers jours ont des conséquences négatives sur notre économie de marché.

Le mouvement des gilets jaunes étonne : c’est un mouvement inorganisé, selon les concepts traditionnels, né sur les réseaux sociaux, qui balance entre fascisme, réaction et vraie volonté de faire changer les choses. Les commentateurs les traite de populistes, de France périphérique, de révolutionnaire. Ceux qui bloquent les ronds-points de province (comme chez moi près de Nantes) sont souvent des néophytes de l’action politique. A Paris, ils sont visiblement infiltrés par des experts des manifestations, des deux extrêmes. C’est cette complexité à les qualifier, au fait qu’ils ne rentrent exactement dans aucune catégorie dualiste traditionnelle, qui rend ce mouvement intéressant et vraiment moderne.

Défendre le pouvoir d’achat c’est défendre le capitalisme

Pourtant, par un certain côté, ils sont les collaborateurs sans doute dupes et involontaires du néo-libéralisme. En effet, quand on manifeste pour son pouvoir d’achat, c’est que fatalement on ne peut penser en dehors du système capitaliste. Vouloir plus d’argent pour finir les fins de mois, c’est, même inconsciemment, faire encore et tourner le système qui prône le travail comme seule activité possible humaine et l’argent comme seul but de cette activité et de cette vie.
« On ne revendique par le pouvoir de vivre, mais le pouvoir d’achat. Parce que acheter c’est vivre : « la vraie vie c’est Auchan », nous rappelle Hervé Kempf dans son livre. Les manifestations des gilets jaunes ne visent pas à changer le monde et à nous donner plus de puissance d’agir dans le monde. Elles ne visent qu’à rester dans le système, mais en mieux de façon individualiste. Cela me fait penser aux lycéens ou aux étudiants qui se jettent dans les rues contre telle ou telle réforme scolaire qui nuirait, selon eux, à leur insertion professionnelle. C’est toujours la même chose : ils ne veulent pas un autre monde, ils veulent juste se faire une place dans le système dont ils sont exclus (pour l’instant).

Je découvre moi-même les « joies » d’un salaire très modeste et d’un statut précaire qui enferme et ferme beaucoup de portes, après avoir connu, en tant que fonctionnaire d’État, un salaire fixe, plus abondant et une stabilité qui fait rêver les banquiers de tous poils. Pourtant, pour vivre depuis 2 ans avec des revenus toujours en baisse, pour finir cette année par un salaire divisé par 2,5 par rapport à ma « vie d’avant », je sais que l’on peut vivre tout aussi bien, sans forcément se priver, mais en consommant moins et autrement. Ainsi, pourquoi vouloir à tout prix devenir propriétaire ? On sait que l’accession à la propriété foncière est encore et toujours le Graal pour la plupart des Français. Mais on sait aussi que cela coûte plus cher, au final, que de rester locataire. Et je n’ai jamais compris ceux qui me disaient qu’être locataire c’est « jeter l’argent par les fenêtres » ! Il faut bien se loger, que l’on paye un loyer à un propriétaire ou qu’on rembourse un crédit à une banque… quelle différence ? Je me sens tout autant chez moi dans une location que si j’étais propriétaire. Et j’aurais été beaucoup moins libre dans ma vie si j’avais, comme tout le monde, acheté un appartement à l’aube de la trentaine. Quel boulet au pied. Point de voyages à l’autre bout de la terre, point de changement de vie radical si j’avais dû être retenue dans un lieu par une possession.
Je gage, par ailleurs, que beaucoup des personnes qui sont aujourd’hui des « gilets jaunes » ont ce rêve de la propriété et se sont même endettées pour assouvir ce rêve, qui à mes yeux, est une des formes de l’esclavage moderne et un piège du capitalisme. J’ai entendu de nombreuses fois des collègues, des amis me dire qu’ils aimeraient eux aussi changer de vie, de métier, quitter leur région, voyager au loin… « mais tu comprends, je ne peux pas, j’ai un crédit… » !
Dans les reportages que l’on voit beaucoup ces jours-ci, les gilets jaunes interrogés parlent des fins de mois difficile et citent souvent la question alimentaire. Il serait de plus en plus dur de se nourrir. Mais qu’entend-on par se nourrir ? Si c’est acheter des plats surgelés, de la viande, des légumes au supermarché, des chips ou des conserves, c’est sûr que c’est plus cher ! Tout le monde n’a pas la chance comme moi d’habiter à la campagne (les pauvres), et de pouvoir se nourrir plus équitablement, mais voici un exemple. Un jeune maraîcher s’est installé cet été dans ma commune. Sur la ferme familiale, la ferme Maliceine, son frère aîné a décidé de se lancer dans l’élevage, l’abattage, et la commercialisation de volailles élevées en plein air. Lui a mis en place une petite exploitation maraîchère en voie de conversion bio (eh oui, les terres étaient auparavant exploitées en conventionnel) et il vend tous les samedis, sur la place de la boulangerie, ses légumes de saison. Cet été, ses tomates anciennes ont eu un tel succès qu’il fallait les réserver d’une semaine à l’autre ou alors se lever très tôt pour encore en trouver sur ses étals ! En ce moment, il propose toutes sortes de choux (frisé, kale, chinois), de courges, des carottes sucrées rouges ou oranges, différentes variétés de salades, des panais, des poireaux, des rutabagas, des navets, des oignons rouges et jaunes, deux sortes de pommes de terre, des fenouils… bref, il y a le choix. Je n’achète plus mes légumes que chez lui… ce matin, j’ai rempli mon panier pour la semaine pour… 7,9€ ! Je mange toute la semaine des légumes locaux et sans pesticides pour moins de 10€. Il est où le problème avec mon pouvoir d’achat ?
Alors il est vrai que mon budget, comme celui de nous tous, est largement grevé par les dépenses contraintes et en particulier énergétiques. Si un jour je deviens propriétaire, ce ne sera qu’à la condition que je construise une maison passive et autonome. Pourquoi vouloir encore bâtir des pavillons traditionnels en parpaings, mal isolés et toutes calibrés sur le même plan ?

Des revendications qui ne font que renforcer le système actuel

Ainsi, je trouve que le mouvement des gilets jaunes se trompe de cible et que ses revendications font de ses représentants et de ses acteurs des pantins du système néo-libéral. Ce n’est pas le pouvoir d’achat qu’il faudrait défendre, ni des hausses de salaire ou la baisse des taxes. Il faudrait se révolter contre l’usage qui est fait de nos vies, où le travail n’est qu’un outil pour gagner de l’argent qui sera dépensé dans des objets ou des services dont on pourrait (et dont il va falloir) se passer. Ce n’est pas plus d’argent ou moins de dépenses qu’il nous faut, mais une autre façon de vivre et d’envisager nos vies au quotidien. Yann Artus-Bertrand disait l’autre jour lors d’une interview que la révolution (qui vient) se ne serait pas politique, mais spirituelle. C’est notre rapport au monde, à nous-mêmes, à l’argent qui n’est qu’un instrument qui doivent être profondément transformés. Tout le reste c’est être et poursuivre dans le capitalisme.

Ainsi, les revendications portées par les gilets jaunes n’ont rien de révolutionnaires. La hausse du SMIC, la suppression de la suppression de l’ISF ou la démission de M. Macron, ce sont des mesures pour continuer à rester dans le système médiatico-capitaliste qui nous sert de démocratie. Ne vaudrait-il pas mieux exiger un Revenu universel ? L’obligation pour les entreprises de favoriser le télétravail (et pas seulement quand on est en arrêt maladie !) ? Ou plus utopiste encore : interdire les publicités dans les médias ! On pourrait commencer par interdire tout simplement toutes les publicités dans les programmes jeunesse. Et aussi pourquoi pas taxer les publicités en fonction des produits plus ou moins sains pour l’humanité ou la planète : faire qu’une publicité pour un produit alimentaire ultra-transformé soit beaucoup plus chère que pour un aliment bio (de toute façon les vrais produits bio ne font pas de pub…). Pourquoi cibler la pub ? Parce que c’est cela qui a fait de nous des consommateurs ultras concentrés sur leur ego : la publicité nous fait imaginer que nous exceptionnel et c’est elle, en grande partie, qui favorise l’hyper individualisme et la course aux profits. Freiner la vague publicitaire, c’est changer de monde en arrêtant de nous faire croire que nous sommes uniques. Demander une hausse du SMIC, c’est rester dans le même monde, celui de la consommation.
Il faut revendiquer plus de communs : imposer un prix bas et unique pour toutes les ressources communes comme l’eau ou l’électricité, et taxer ceux qui consomment plus que nécessaire. Pourquoi celui qui rempli sa piscine ou lave son 4X4 tous les 4 matins devrait payer l’eau utilisée le même prix que la famille qui boit l’eau du robinet et ne prend que des douches ?

L’inorganisation du mouvement des gilets jaunes est également un signe de son appartenance subie au joyeux monde capitaliste ! Les gens qui se lèvent tous les matins et les samedis pour aller bloquer le rond-point de la zone commerciale sont des individus qui n’ont jamais manifestés : ils n’ont jamais connu la vie dans un collectif, comment on prend des décisions, comment on discute, comment on créé des institutions pour avancer ensemble. Ils sont les purs produits de l’individualisme forcené des 40 dernières années. Ce sont des individus isolés qui, sous le coup de la colère, se rejoignent grâce aux réseaux sociaux d’internet, mais sont incapables de se fédérer et de créer du commun.
Hervé Kempf l’avait aussi subodoré dans son livre, Pour sauver la planète, sortez du capitalisme :

« L’accroissement des tensions sociales n’est plus médiatisé par l’action collective ni traduit par une parole politique. La multiplication des violences individuelles manifeste contre le système une rébellion qui manque de mots pour lui donner sens. Mais elle justifie que le capitalisme renforce continûment les dispositifs de « maintien de l’ordre », en jouant sur le besoin de sécurité de populations à qui les ressorts économiques de l’injustice sont soigneusement cachés.  »

Les gilets jaunes sont des corps qui s’agitent sur des autoroutes ou sur les Champs-Élysées ; ils n’ont pas de mots pour donner du sens à leurs colères, et les revendications qu’ils essayent de faire remonter sont des listes, des to-do-lists ou des listes au Père Noël, que le gouvernement paternaliste devra s’empresser de combler !

Pour sortir du capitalisme, faut-il uniquement le combattre ?

Mais en même temps (!), et c’est ce qui est très « nouveau monde » 😉 , leurs actions ont comme conséquence de freiner la belle croissance capitaliste. Samedi 1e décembre, les gilets jaunes et des manifestants plus professionnels ont fait de l’hyper centre de Paris, espace de l’oligarchie hyper riche, un vrai chaos anarchiste. Le symbole est fort et c’est bien deux mondes qui s’affrontent.

Par ailleurs, ne voyez-vous pas ces commerçants qui chouinent, à l’approche de Noël, cette grande fête religieuse mercantile, du fait que les grandes zones commerciales sont bloquées en ces week-ends de consommation ? Les reportages se succèdent de ces petits ou gros commerçants qui se lamentent de leur chiffre d’affaire en baisse drastique en cette fin d’année. Et comme le mouvement des gilets jaunes est plutôt populaire, le quidam qui tente d’aller faire ses courses au supermarché le samedi (parce qu’il travaille trop toute la semaine pour les faire un autre jour !) s’accommode pas trop mal de cette gêne. On me rétorquera que cela pousse les gens à faire leurs emplettes sur internet. Certes. Mais on sait que lorsque l’on achète sur la toile, les achats sont moins nombreux et on est moins tenté que dans un magasin. Ainsi, le mouvement commence à perturber l’économie nationale, sans que le pouvoir puisse faire grand-chose face à des troupes dispersées sur tout le territoire et sans représentants légitimes. Ces deux caractéristiques forment également un aspect nouveau et contraire à ce que l’on a l’habitude de voir chez les contestataires, qu’ils soient issus de partis politiques, de syndicats ou d’entreprises publiques. Le manque d’organisation, que j’ai présenté tout à l’heure comme un signe de l’hyper individualisme, fait aussi des gilets jaunes des anguilles politiques, auquel le système n’a, pour une fois, aucune réponse toute faite et toute prête à donner !

Le « en même temps » de la macronie est, je le suppute une façon pour notre président de sortir du dualisme philosophique et pratique du monde aristotélicien et cartésien dans lequel nous vivons. M. Macron a fait de la philosophie et je sais qu’il cherche à faire « coïncider les opposés » pour sortir de l’affrontement stérile de notre monde occidental. Le mouvement des gilets jaunes est une de ces coïncidences des opposés, mais malheureusement pour le pouvoir, ce n’est pas lui qui l’a généré. Il va falloir aux commentateurs de tout bord se mettre à lire Nicolas de Cues et autres penseurs non académiques pour pouvoir déchiffrer le monde qui vient. Sinon ils ne vont jamais comprendre comment et pourquoi on peut être dans le système capitaliste et être un levier de son effondrement. Ce n’est pas gagné…

« Vous connaissez l’histoire du poivrot la nuit, sous un réverbère. Un passant arrive : « – Qu’est-ce que vous faites ? – Je, hips, cherche les clés de ma voiture, je les ai fait tomber là-bas. – Mais… pourquoi cherchez-vous ici ? – Beuh, il y a de la lumière. » Les sommités intellectuelles qui nous dirigent suivent la même rationalité dévoyée que le soûlard nocturne. Le problème de notre époque est que ces ivrognes ont le pouvoir. » (Kempf)

4 commentaires sur “A la croisée des mondes : sortir ou non du capitalisme ?

  1. Article très intéressant ! Est-ce que ce livre vaut encore le coup à l’heure actuelle ?

    Concernant les gilets jaunes, je l’ai eu très mauvaise au début car je ne voyais rien concernant l’écologie (et encore aujourd’hui) alors qu’ils revendiquaient y penser. Mais au vu de leurs grandes revendications, pas si sûrs… Comme tu dis, ils s’inscrivent encore dans un monde capitaliste qui ne leur veut de toute façon que du mal.

    Par contre, j’ai commencé à être en colère contre les gens qui les méprisent, qui les traitent de racistes et puis c’est tout. Même si on n’est pas d’accord avec leur façon de faire (et je ne le suis pas), pas la peine de leur opposer du mépris ! Discuter avec eux, leur dire que les citoyens que nous sommes seront les migrants de demain, et que c’est pas la peine de leur taper dessus… J’ai osé dire ce que je pensais sur Twitter (bon ok, j’ai carrément accusé « une certaine gauche », j’ai tendu le bâton pour me faire battre xD) et quelqu’un m’a unfollow après m’avoir balancé sa petite punchline, magnifique.

    Heureusement, ton article n’est pas comme ça. Il explique ce qui ne va pas dans ce mouvement, sans pour autant manquer de respect aux gilets jaunes. Merci pour ça !

    (moi non plus, je ne veux pas devenir propriétaire, c’est grave docteur ?)

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    1. Oui, tu as raison : ce qui est difficile avec ce mouvement c’est qu’il y a des choses intéressantes et d’autres beaucoup moins. Il demande à ceux qui sont hors du mouvement de prendre du temps pour comprendre et réfléchir et ne pas, comme toujours, lancer deux-trois punchlines comme tu dis, pour tout commentaire. Je pense que l’on va de plus en plus vers des situations où la complexité des interactions et des idées nous demandera des efforts pour les comprendre. Cela va en laisser beaucoup sur le carreau 😉

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  2. Merci pour ce résumé et ces conseils de lecture. Le « mouvement » des gilets jaunes est aussi et surtout une agrégation de différents mouvements, différentes colères… J’ai essayé d’en dire quelques mots (pour me clarifier moi-même les idées et répondre à des questions qu’on m’avait posées) sur le blog : https://danslanebuleuse.fr/2018/11/28/comprendre-les-gilets-jaunes-et-les-enjeux-politiques-qui-vont-avec/

    Il y a quelques années j’avais aussi apprécié la lecture d’un petit livre d’Aurélien Bernier, « Ne soyons pas des écologistes benêts »

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