L’Atelier des Sorciers : Une Parenthèse Magique Pendant les Vacances

Ah, les vacances… Ce moment idéal pour faire enfin tout ce que l’on reporte au quotidien. On range la maison, on fait quelques travaux, on s’occupe du jardin. C’est aussi l’occasion de se poser, de se plonger dans des lectures plus approfondies, loin du rythme éreintant du reste de l’année, loin de ce qui, souvent, n’est pas la « vraie » vie. Et parfois, ce temps retrouvé permet aussi de découvrir des univers plus rares et immersifs. C’est exactement ce qui m’arrive en ce moment, plongée dans L’Atelier des Sorciers, la série de mangas captivante de Kamome Shirahama, dont j’ai dévoré plusieurs tomes cette semaine.

Un Retour aux Sources Manga

Bien que les mangas n’aient rien de nouveau pour moi, ils continuent de susciter en moi une fascination intacte. Les années 70 m’ont plongée dans les animés japonais sans que je le sache vraiment : Goldorak, Candy, Capitaine Flam… autant de dessins animés qui m’ont marquée. Je ne comprenais pas à l’époque l’ampleur de la culture manga derrière ces univers ; les noms aux consonances étrangères et les caractères inconnus sur l’écran me laissaient simplement rêveuse. Plus tard, dans les années 90, j’ai pris conscience de la richesse du manga, avec des séries plus matures comme Les Chevaliers du Zodiaque. Puis Miyazaki est arrivé dans ma vie, avec ses mondes d’une profondeur inégalée… tout cela m’a préparée à recevoir l’œuvre de Shirahama avec un enthousiasme que je n’aurais pas prévu. D’ailleurs Coco a des airs de Kiki la petite sorcière !

Une Plongée Initiatique dans le Monde des Sorciers

Ce n’est pas par hasard que L’Atelier des Sorciers s’est retrouvé entre mes mains, mais grâce aux recommandations enthousiastes de Babelio, surtout avec la sortie du volume 13. Dès les premières pages, je me suis laissée entraîner dans l’univers fantastique de Coco, passionnée par la magie, devient apprentie sorcière dans l’atelier de maître Kieffrey après avoir jeté un sort interdit. Elle ne devrait pas être initiée à la magie dans ce monde où seuls les enfants nés de familles de sorciers peuvent suivre cet enseignement mystérieux dans l’Académie de magie. En fait Coco a compris que ce mystère n’en était pas un et que la magie des sorciers est fondée sur le dessin. Ce ne sont pas des baguettes magiques qui produisent les sorts mais des plumes et une encre magique produite à partir des arbres argentés. Les sorciers dessinent de pentacles subtils qu’ils transforment en sorts et ainsi peuvent voler, sauver des gens, apporter du confort. Car en effet, dans le monde de Coco, la sorcellerie ne doit être destinée qu’au bonheur des non-sorciers. On apprend qu’autrefois la magie a été mal utilisée et que les sorciers usaient et abusaient de sorts interdits, qui par exemple portaient atteinte à l’intégrité physique des personnes. Après une catastrophe, le Jour de la Conjuration, les sorciers ont décidé de ne plus utiliser ses sorts dangereux.

Sauf une minorité d’entre eux qui sont devenus la Confrérie du Capuchon et qui pourchassent Coco sans que l’on sache pourquoi. Coco intègre donc l’atelier, c’est-à-dire l’école, de maître Kieffrey qui est déjà le professeur de trois petits apprenties, Agathe, Trice et Tétia. Mais maître Kieffrey a lui aussi des secrets…

Un Tribut aux Classiques de la Magie

On reconnaît, bien sûr, des influences marquantes, notamment celle de Harry Potter. Comme Le Seigneur des Anneaux avant lui, l’univers de JK Rowling a tracé des lignes imaginaires durables dans l’univers de la sorcellerie : l’école de magie, le mentor tout-puissant, les querelles entre sorciers et non-sorciers, le plaisir de la découverte des sorts… tous ces éléments réapparaissent avec fraîcheur dans L’Atelier des Sorciers. Toutefois, Kamome Shirahama y apporte sa touche personnelle, qui dépasse largement l’hommage.

Une Esthétique Enchanteresse

L’une des grandes forces de cette série est indéniablement son esthétique. Shirahama a un trait fin et précis, ses planches sont de véritables œuvres d’art, certaines si belles qu’elles mériteraient d’être mises sous cadre et exposées.

Elle propose ainsi des planches avec des cadres magnifiques et une mise en scène étudiée et soignée. La finesse des détails, la richesse des décors et des costumes, la représentation des scènes magiques, et même les couvertures colorées des volumes — chacune centrée sur un personnage différent — forment un ensemble visuel immersif.

Un Univers Riche et Cohérent

Shirahama a créé un monde où chaque détail semble pensé pour enrichir l’expérience du lecteur : la psychologie des personnages est étudiée, animaux étranges et attachants comme le ver-pinceau attiré par l’encre magique, souliers enchantés permettant de voler, modes de vie, des lieux singuliers comme l’Académie de magie qui se trouve sous la mer, ou une mode vestimentaire délirante avec ces chapeaux pointus que chaque sorcier porte pour le désigner tel aux yeux des ignorants, les non-sorciers. Dans ce monde complexe, la sorcellerie n’est pas seulement une pratique mystérieuse ; elle est aussi un choix éthique, un engagement envers les autres, reflétant une réflexion sur le pouvoir et la responsabilité.

Une Belle Leçon de Transmission et de Bienveillance

Enfin, ce que j’aime dans cette série (que je n’ai pas terminée de lire) c’est l’ambiance que la mangaka a créée : elle a su mélanger avec doigté la bienveillance des sorciers avec les dangers et le mal du conflit avec la Confrérie du Capuchon. Les apprenties sont soumises à des épreuves mortelles et pourtant elles sont surveillées par des adultes soucieux de leur bien-être. L’histoire est bien celle d’une lutte entre des clans adverses, avec des sorts interdits, des blessures, des malheurs mais tout cela coexiste avec une atmosphère chaleureuse et sereine dans l’atelier ou à l’Académie où ce qui compte c’est que les petites apprenties puissent progresser, apprendre à se connaître, avoir confiance en elles et avancer sur le chemin de la vie. Ainsi, dans un chapitre, deux apprenties de maître Kieffrey doivent passer un examen en compagnie d’un autre jeune sorcier venu d’un autre atelier. Ce jeune garçon est mal traité par son maître qui le considère comme nul et le Yinny rate effectivement tout ce qu’il entreprend. Mais lors des aventures pour l’examen, il est encouragé par une autre adulte et il prend confiance en lui. Son maître est d’ailleurs puni pour sa mauvaise pédagogie.

On trouve ici une belle utopie de ce que devrait être l’éducation, pas seulement positive et bienveillante, mais essentiellement tournée vers la transmission dans le respect des « apprenants » qui doivent pouvoir choisir leurs voies tout en connaissant leurs points forts et leurs points faibles.

Une Perspective Unique ?

Je ne suis pas spécialiste des mangas, mais il me semble que le fait que l’auteure soit une femme apporte une sensibilité particulière, rare dans un genre historiquement dominé par les hommes au Japon. La précision esthétique, la profondeur psychologique des personnages et la qualité narrative de L’Atelier des Sorciers éveillent en moi cette réflexion : la touche féminine de Shirahama pourrait-elle être l’élément clé de cette alchimie si captivante ?

Un Voyage à Recommander

Si l’automne est propice aux lectures fantastiques, L’Atelier des Sorciers est sans conteste une série à découvrir pour son caractère initiatique, sa beauté esthétique, et l’originalité de son univers. Une plongée idéale pour Halloween, pour les jeunes comme pour tous ceux qui aiment se perdre dans la magie des livres et des mondes imaginaires.


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