Homo fugit velut umbra

Homo fugit velut umbra : L’Homme s’enfuit comme une ombre.
Depuis quelques mois, je tombe en pâmoison à l’écoute de cet air du XVIIe siècle, dont la musique comme les paroles me font pleurer ! Je collectionne les enregistrements de ce morceau que j’ai découvert par hasard sur un disque rassemblant des œuvres de cette époque et vendu avec un livre, Secretum, de Rita Monaldi et Francesco Sorti. Aujourd’hui je viens de recevoir par la poste ma commande d’un autre disque, enregistré en 2001 à Paris par l’Arpeggiata de Christina Pluhar. J’avais entendu cette version sur FIP et j’avais été estomaquée par le fait qu’il existât d’autres versions de mon air favori ! De plus, autant le premier est tendre et mélodieux, autant ce second est fort, tourmenté et puissant. J’adore ! Deux versions très différentes d’un air on ne peut plus pessimisme ou sceptique, dans la droite ligne des Pyrrhoniens libertins du XVIIe siècle, enfants de Montaigne.
Voilà le texte :
Passacaglia della Vita

O come t’inganni
se pensi che gl’anni
non hann’da finire,
bisogna morire.                                   
E’ un sogno la vita
che par si gradita,
è breve il gioire,
bisogna morire.

Non val medicina,
non giova la China,
non si può guarire,
bisogna morire.
Non vaglion sberate,
minarie, bravate
che caglia l’ardire,
bisogna morire.

Dottrina che giova,
parola non trova
che plachi l’ardire,
bisogna morire.
Non si trova modo
di scoglier `sto nodo,
non vai il fuggire,
bisogna morire.

Commun’è il statuto,
non vale l’astuto
‘sto colpo schermire,
bisogna morire.
Si more cantando,
si more sonando
la Cetra, o Sampogna,
morire bisogna.

Si more danzando,
bevendo, mangiando;
con quella carogna
morire bisogna
La Morte crudele
a tutti è infedele,
ogni uno svergogna,
morire bisogna.
E’ pur ò pazzia
o gran frenesia,
par dirsi menzogna,
morire bisogna.

I Giovani, i Putti
e gl’Huomini tutti
s’hann’a incenerire,
bisogna morire.
I sani, gl’infermi,
i bravi, gl’inermi,
tutt’hann’a finire
bisogna morire.

E quando che meno
ti pensi, nel seno
ti vien a finire,
bisogna morire.
Se tu non vi pensi
hai persi li sensi,
sei morto e puoi dire:
bisogna morire.
 ce que j’aime par dessus tout, c’est ce refrain, entraînant et entêtant, « bisogna morire », Il faut bien mourir, et rien n’y peut faire, pauvre humain, ni ta bravoure, ni ta science, ni ta médecine, il faut bien mourir. Alors, autant mourir en chantant, en buvant, en mangeant.
Ces vers me rappellent ceux de Théophile de Viau, poète méconnu du règne de Louis XIII, connu et exilé pour ses positions libertines, quand ce mot ne désignait pas les décadences des Hommes des Lumières, mais des prises de positions philosophiques extrêmes, héritières de Giordano Bruno et ancêtre du panthéisme de Spinoza.

A Monsieur de Liancourt

Entretiens la mélancolie
Dont si joyeusement tu meurs :
Aussi bien est-ce une folie
De croire vaincre ses humeurs.
La tristesse pensive et blême
Ne prend conseil que d’elle-même :
Elle seule entend ses secrets.
Le chagrin jamais ne se lasse,
En quoi que la raison y fasse,
Elle achève tous ses regrets […]
pour écouter un extrait
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