Je dois préparer un cours pour demain après midi sur les Cyniques grecs… Antisthène, Diogène de Sinope qui répondit au grand Alexandre qui lui demandait ce qu’il voulait “Ote toi de mon soleil”, Cratès de Thèbes qui s’accoupla en pleine agora athénienne avec la belle Hipparchia. De ce cours expérimental je voudrais poser la question : est-il possible d’agir selon ses convictions philosophiques ? On parle beaucoup, surtout au lycée, les philosophes sont de grands discoureurs, mais sont-ils des hommes et des femmes d’actions. Les Cyniques me paraissent être de cette engeance !
Nous connaissons leur mode de vie, car il faut bien appelé cette philosophie de la sorte, par des écrits indirects, des anecdotes dont les plus savoureuses ont été écrites par Diogène Laërce dans son ouvrage sur les Vies des philosophes illustres. Ce mode de vie est quasi animal, instinctif : Diogène était surnommé le Chien par Platon. Ils portaient un méchant manteau, le tribôn, qui leur servait de tout, de tente, de nappe, de couverture… Ils mendiaient leurs nourriture et se nourrissaient de tout, de viande crue, ils étaient végétariens, anthropophages (?) et refusaient de s’asseoir comme tous les autres Grecs aux banquets communs qui symbolisaient la civilisation, celle qui est née du partage prométhéen. Les Hommes, grâce à la ruse de Prométhée, se sont octroyés les bons morceaux de l’animal sacrifié, bons morceaux cuits (et non plus bouillis !) et devenaient mortels, tandis que les Dieux, immortels, se contentaient de la fumée de l’holocauste. Le Cynique se place hors de ce schéma, il faut un pas de côté, il se moque de ces conventions alimentaires qui ne sont rien moins que le socle de la société grecque. Leur sexualité a également fait couler beaucoup d’encre. Entre Diogène qui se masturbe en public et qui se lamente : « Ah ! si seulement en se frottant aussi le ventre, on pouvait calmer sa faim. » et le couple Cratès-Hipparchia qui fait l’amour en public, la pudeur est envisagée comme une fausse valeur de la société. La sexualité est un besoin vital et humain, qu’il ne faut pas restreindre. D’où également un mépris affiché pour la mariage, la famille et toutes les questions de procréation… Les Cyniques exigeaient la communauté de femmes et des enfants, l’amour libre en sorte… l’homme et la femme sont égaux devant ces dons de la nature et leur force intérieure, leur vertu est la seule valeur qui soit nécessaire de mettre en œuvre dans ce monde. Les cyniques professent une autarcie quasi divine, une autonomie qui nous fait grandement défaut aujourd’hui. Ce sont des marginaux qui ne s’oublient pas dans quelques vinasse mais qui font de leur indifférence et de leur tranquillité d’âme (ataraxie) la seule volonté qui vaille. La maîtrise de soi du Sage passe par l’éviction de toutes les évidences sociétales. Leur puissance fut d’agir exactement en fonction de leurs discours : qui est vraiment capable de ce tour de force ? La sexualité libre, nous y sommes, j’y suis… et pourtant, comme le remarque très justement Vincent Cespedes dans son ouvrage L’homme expliqué aux femmes, nous y sommes grâce à la libération de la contraception (la plus belle invention humaine il me semble !) mais nous en sommes à des années lumières parce que “l’obligation de l’encouplement ” (personnellement j’adore ce mot) est une Vérité toujours réaffirmée. D’où des frustrations énormes, quand la licence sexuelle est permise et même incitée par notre monde pornographique et notre liberté internet… mais que la morale environnante rend encore et toujours le couple et la famille obligatoire. Vivons comme les Cyniques ! La modernité nous rend paranoïaque : je veux affirmer mon désir, la pluralité de mon désir, l’envie de nouveauté et pourtant je dois me conformer aux injonction du couple et de l’engagement (mot détestable par contre) comme il y a 100 ans, quand l’Enfer de la procréation obligatoire était encore le fil à la patte de la sexualité. Tous, nous nous rendons compte que ce n’est pas tenable, que les hommes et les femmes, chacun en quête de sa masculinité ou de sa féminité dans autant de part féminine et masculine opposée, ne sont plus que des jouets d’un monde qui a perdu tout sens et qui marche la tête à l’envers. Il nous faut réinventer les choses et l’accélération de l’Histoire à laquelle nous assistons ces derniers temps me rend optimiste. Allons voir du côté des Antiques, si leurs saveurs et leurs charmes n’auraient pas quelques bonheur à nous raconter.
Et comme tout doit finir en musique… Jonas Kaufmann chante Carmen
j »ai été interessé car je viens de coordonner ,au petit pavé HIPPARCHIA MON AMOUR
Je le présente 48 r vieille du temple (4e) le 13-11 a 16H30 ainsi que ma collection
au salon de l’espace blancs manteaux
et 115 r de l’Ourcq (19e) le 14-11 a 19H30 a « la lucarne des écrivains »
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