Une petite histoire pour fêter la journée internationale des Chats
Il ne fait pas très beau aujourd’hui. Depuis plusieurs jours le vent souffle, les nuages gris ou noirs filent sur le ciel, et la pluie parfois traverse le tout pour nous arroser. Pourtant nous sommes au mois de juillet, il devrait faire beau, chaud et l’on ne devrait pas être terré à la maison.
Pour les animaux aussi les choses ne sont pas faciles. Par exemple, pour ma chatte Poppy, petite écaille de tortue de 4 ans, qui passe sa vie entre son territoire et ma maison. Son territoire n’est pas très étendu, parce que Poppy n’est pas très courageuse.
Poppy ma chatte écaille de tortue de 4 ans
Elle a du mal à le défendre face aux chats et autres petites racailles rouquines du hameau où je vis. Elle n’est pas seule dans le coin, elle n’est pas la première arrivée, et elle est comme sa maîtresse, pas très portée sur les conflits. Elle s’arrange plutôt bien avec le chat de la voisine, Noé, un matou bavard blanc et gris, qui vient chercher constamment de la nourriture et des caresses. Elle est beaucoup plus salope avec Rosy, l’autre chatte de la voisine, une sorte de persan noir plutôt snobinarde et pour le coup très peureuse et surtout collante. Mais comme dirait mon ami, ce sont là des pensées humaines. Pourtant je vois bien que Poppy fait de grands cercles quand Rosy déboule de sous ma voiture pour mendier de l’affection et, quand elle se sent un plus frivole, elle lui assène des grands coups de patte dans le museau pour bien lui faire comprendre que je suis SON humaine. En fait, Rosy n’a pas été très sympa lors de la première rencontre, quand Poppy n’était qu’un chaton de quelques mois, au moment où j’ai emménagé dans cette maison de campagne. C’est elle qui lui a foutu un coup de patte, et je pense, même si c’est bien une pensée humaine, que Poppy s’en ai toujours souvenu ! Depuis elle a appris à chasser et à se défendre, un peu, et même si elle ne s’attaque pas au chat blanc et roux qui la pourchasse parfois, elle ne résiste pas à rappeler à Rosy qu’elle doit être tout en bas de l’échelle féline du quartier. Il est toujours plus facile de s’en prendre à plus faible que soi… et ça ce n’est pas qu’une pensée humaine, c’est aussi une évidence naturaliste.
Noé le chat de la voisine et le grand ami de Poppy
Aujourd’hui, donc, Poppy s’ennuie, comme parfois en plein hiver quand, ouvrant la porte d’entrée pour tenter de la faire sortir, elle me regarde et miaule de l’air de me demander pourquoi le temps est si pourri et pourquoi il fait si froid dehors ! Il faut dire que cette nuit elle est rentrée, par la fenêtre de toit qui donne dans ma chambre, absolument trempée par l’averse qui est tombée bien dru. Ce matin, après quelques galipettes sur son territoire, que j’ai beaucoup de mal à évaluer, elle est donc rentrée à la maison et s’est mise dans un de ses endroits favoris pour piquer un roupillon. Elle en a plusieurs, de ces endroits, mais celui-ci est, je pense, le plus extraordinaire : il s’agit du haut de mon armoire sur lequel j’avais placé un vieux drap blanc en attendant (quoi ? je n’en sais rien, mais un drap cela peut toujours servir… comme tout reste du moins) et qui fait office à présent de nid tout à fait douillet. C’est certain que cela ne vaut pas le grenier, chaud en hiver et infesté de rats et de souris à croquer. On le laisse parfois ouvert pour qu’elle puisse faire sa sieste, mais je ferme souvent très vite, car je crains de voir débouler une souris courant le long de l’échelle rétractable.
Poppy fait son petit somme en haut de l’armoire : elle se sent à l’aise et en sécurité. Je ne suis pas loin, mon bureau est dans la pièce à côté, en enfilade. Mon bureau donne directement sur mon jardin, par une fenêtre basse qui ouvre presque au niveau du sol. C’est une pièce humide justement à cause de cela : d’ailleurs la terre est recouverte de mousse bien verte et une haie composée de plusieurs arbres différents, dont un lilas et un cognassier du Japon, le premier à fleurir à la fin de l’hiver, empêche aussi la lumière et la chaleur du soleil d’y pénétrer. Cela ne me dérange pas, je ne suis pas sensible à l’humidité et puis je trouve qu’avoir une vue quotidienne sur un jardin vert et fleuri est un bonheur incomparable. Dès que je peux, c’est-à-dire dès que les températures le permettent et s’il ne pleut pas de façon trop intense, j’ouvre la fenêtre pour écouter le vent dans les arbres et les oiseaux piailler. D’ailleurs ces jours-ci il y a un merle déplumé qui vient tous les jours dans le coin, il faudra aussi que je raconte cette histoire.
Poppy rapporte souvent des cadeaux à ma maison !
Poppy s’est finalement réveillée, je l’ai entendue bouger dans son nid puis descendre par étapes successives de l’armoire. Elle arrive dans mon bureau et me regarde non pas en miaulant, mais en faisant un rapide son de gorge que je prends traditionnellement pour un bonjour ou un merci quand je lui donne à manger dans sa gamelle. Elle voit la fenêtre ouverte : elle passe souvent par là, dans un sens comme dans un autre. Quand je suis dans mon bureau et que je l’entends arriver ou que je la vois juste passer la fenêtre, j’ai toujours, depuis ce printemps, le cœur qui s’accélère. Parce que plusieurs fois ces dernières semaines je l’ai vue se pointer avec quelque chose dans la gueule. Ce fut souvent des lézards, des petits au printemps puis des plus gros, auxquels il manquait toujours la queue, partie perdue rapidement dans une joute où pourtant on pourrait croire les petits sang-froid plus rapides qu’un félin ! D’autres fois elle avait des souris, parfois décapitées, parfois encore entières et chaudes. Plus rarement ce sont des oiseaux : elle en rapporte peu, elle préfère les laisser pourrir dans le jardin, cela doit avoir une signification pour elle. De ce fait, quand je la vois revenir à la maison, j’ai un coup d’œil qui est devenu presque instinctif vers sa gueule pour voir si elle est fermée ou non. Ceci d’autant plus que j’ai eu parfois le réflexe de lui fermer la porte au museau pour lui éviter de venir déposer son trophée sur mon tapis de soie acheté au Pakistan et surtout rapporté en contrebande sans le déclarer aux douanes. Quand elle revient avec des lézards, c’est son trip, de les déposer sur le tapis et de les voir se barrer sous mon canapé pour ensuite continuer la chasse. Une fois même elle n’est revenue qu’avec une queue de lézard qu’elle a déposée sur le carrelage et qui frétillait encore, ce qui semblait beaucoup l’amuser.
C’est pour cela aussi que je la surveille du coin de l’œil quand elle quitte mon bureau. Je n’ai pas envie qu’elle parte en chasse dès qu’elle saute de la fenêtre. Quand elle est descendue de l’armoire ce matin, elle s’est étirée sur mon tapis de soie et elle a bondi sur le rebord de la fenêtre. Je pensais qu’elle allait filer, comme toujours du côté du jardin du voisin, séparé de chez moi par un mur de pierres sèches, et placé en contrebas du mien. Mais finalement non, Poppy a décidé de rester un peu sur le rebord. Et là, dans le jardin, les choses ont changé. Les piaillements des oiseaux se sont transformés en vocalises plus rudes et accentuées, des notes haut perchées et gutturales qui étaient autant d’avertissements : le chat est là, attention tout le monde. C’était frappant, les passereaux, rouges-gorges, moineaux, mésanges qui viennent l’hiver et l’été se nourrir des graines que je laisse un peu partout, se donnaient le mot pour faire passer l’information qu’un danger, bien connu sans doute, était sorti de sa sieste et perturbait les voltiges des piafs.
Poppy prend le soleil dans le jardin
Poppy a fait comme si de rien n’était. Elle n’est pas descendue du rebord de la fenêtre pour se mettre en chasse. Elle a passablement regardé de-ci de-là vers les frondaisons, elle a fait quelques gestes de toilette féline, puis elle est rentrée dans le bureau pour se rendre vers sa gamelle. Finalement, la nourriture servie sur un plateau c’est tout de même plus facile que d’aller chasser. Les chats deviendraient-ils comme les humaines, paresseuses à l’action et vifs pour ouvrir le placard de nourriture ? En tout cas, elle a montré une royale indifférence aux oiseaux ou bien les sons stridents de la volière du jardin l’ont informé à son tour que cela ne servait à rien d’attendre qu’un d’entre eux se fasse prendre au piège. Elle est finalement ressortie par la fenêtre pour aller faire son tour du propriétaire, en passant par le mur du voisin. J’en ai été soulagée d’autant plus que quelques heures plus tôt, sur la petite terrasse qui donne sur ma cuisine, j’ai pu assister à une scène fascinante. J’ai mis des graines dans un bol sur ma table de jardin, pour attirer le merle déplumé dont il faudra que je parle plus tard. Je sais que ce n’est pas très futé, car les oiseaux des champs doivent se nourrir par eux-mêmes, d’autant plus qu’en été la nourriture ne manque pas. Mais c’est tellement beau de voir ces petits oiseaux venir chercher une subsistance, de les voir voleter autour de la table et parfois aussi se voler dans les plumes pour évincer un rival. À un moment, j’ai vu un rouge gorge qui prenait une graine tombée par terre pour la donner à un oisillon, pas tellement plus petit que lui, mais aux plumes plus claires. Ce devait être plutôt un adolescent qui comme un Tanguy des arbres cherchait encore à vivre aux crochets de ses parents. Et l’oiseau nourrisseur se laissait faire : il prenait la graine et l’insérait dans le bec avide et criard de son rejeton. Il a fait ce manège plusieurs fois, cherchant des graines sous la table. Cela m’a paru étrange, car l’oisillon savait visiblement voler, puisqu’il était là et pas dans son nid. De plus les graines n’étaient vraiment pas difficiles à choper, elles étaient bien accessibles. Peut-être était-ce la première sortie hors du nid ? Ou bien les oiseaux ont trouvé que l’abondance providentielle et rare en été de ces graines portées là par une humaine pouvait servir d’exercice pour les petits. Mais bon, on rétorquera qu’il s’agit là encore d’une déformation anthropomorphique et que les animaux n’ont pas de pensées, même s’ils ont une conscience. C’est un point de vue que je suis en train d’étudier avec d’autres animaux de mon jardin.
Poppy en position de chasse dans le jardin
INFO DE DERNIÈRE MINUTE : au moment précis où je mettais ce dernier point à mon texte, j’ai vu Poppy s’élancer depuis le muret en face de ma fenêtre vers un oiseau aux plumes sombres qui s’est envolé à travers les branchages des arbustes qui composent la haie. Je pense qu’elle l’a loupé. Comme quoi, mon titre est à revoir : Poppy est toujours en chasse, et comme tout bon chasseur, elle sait qu’il faut être patient pour attendre que la proie ait baissé la garde !
Dès qu’il y a des chats quelque part, il faut s’attendre à un commentaire de ma part. Poppy est tellement mignonne ! ❤ (et elle sait chasser, pas comme la mienne, aha)
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Poppy est une chatte de la campagne… elle est entourée de proies potentielles donc son instinct n’est jamais endormi ! Peut être que la tienne n’a pas appris à chasser quand elle était petite ?
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C’est vrai que la mienne est plutôt de la ville. (bien qu’elle ait choppé une chauve-souris une fois, j’ai pas compris comment elle avait fait) En tout cas, Poppy est vraiment trop chou ! (je tombe vite amoureuse des chats, pardon)
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souvent quand on a un chat on aime tous les chats… ils ont trop la classe (pas comme ces balourds de chiens 😉 et il sont souvent trop chou. De toute façon l’humanité est divisée en deux catégories : les amoureux des chats et ceux qui pensent que les chiens sont cools. Je fais partie de la première catégorie et je ne pense pas en changer de sitôt !
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Aha, je fais partie de la première catégorie aussi, mais j’aime bien les chiens aussi ! Je ne sais juste pas du tout comment m’en occuper… 😥
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Moi aussi j’avais un « Popi », mais il n’est plus. Il me reste sa compagne, très mignonne mais beaucoup moins curieuse des êtres humains 😦
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C’est marrant « popi » comme surnom masculin. Poppy est un vrai prénom anglais qui veut dire coquelicot et c’est surtout que je trouve qu’il sonne bien… c’est comme fluffy toujours en anglais. Je trouve que ce sont des sonorités qui expriment les choses et les anglais sont forts pour ça.
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Oui je connaissais la version anglaise. Je l’avais appelé comme ça à cause de « Léo et Popi » un dessin animé dont j’adorais le générique (j’assume, lol).
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