La Saga de La Passe-Miroir de Christelle Dabos

Sous mes « airs » de prof de philo, se cache une fan absolue de littérature fantastique. Je ne lis pas que Hegel dans le texte (ou si peu…) mais aussi beaucoup de ce qu’on appelle la littérature de l’imaginaire. Et en ce moment, ce style est surtout bien représenté dans la littérature jeunesse. Comme beaucoup j’ai dévoré la saga de Harry Potter, dès ses origines, j’ai foulé les Terres du Milieu de Tolkien il y a déjà bien longtemps (et j’y retourne régulièrement), j’ai adoré l’Assassin Royal de Robin Hobb et toutes les sagas que l’imagination débordante de certains auteurs nous donnes à lire.
Grâce aux Livraddicticiens, j’ai découvert il y a deux ans déjà la Saga de Christelle Dabos, La Passe-Miroir, dont j’ai avalé les deux premiers tomes d’affilé, Les Fiancés de l’Hiver et Les Disparus de ClairdeLune. Il était donc évident que je fasse partie de l’enthousiasme général quand, il y a quelques jours, est sorti le troisième tome tant attendu, La Mémoire de Babel.

Synopsis

Il est difficile de résumer cette histoire. Tout d’abord cela se déroule dans notre monde mais à une autre époque, après la Déchirure. On suppose au fil des tomes que ce fut l’aboutissement tragique d’une guerre effroyable où l’humanité à failli périr et qui « déchira » la Terre. Il ne reste plus que des Arches, des sortes d’îles ou des morceaux de Terre (je n’ai jamais trop compris ce que c’était réellement) sur lesquelles vivent des familles, des clans aux pouvoirs particuliers. Chaque Arche est dirigée par un Esprit de Famille, un être extraordinaire à l’origine de ces pouvoirs et de cette famille, dont les membres sont ses descendants.

Les Arches communiquent entre elles, mais elles forment surtout des sociétés plutôt fermées sur elles, avec des coutumes particulières, souvent liées aux pouvoirs de leurs membres.
Ainsi, l’héroïne, Ophélie, est une jeune fille de l’Arche Anima, dirigée par l’Esprit de famille Artémis (tous les Esprits de famille ont des noms de personnages ou de divinités mythologiques de l’ancien monde d’avant la Déchirure). Ophélie possède deux pouvoirs : elle est une liseuse, c’est-à-dire qu’elle peut, avec ses mains nues, lire l’histoire d’un objet, les émotions de ses propriétaires, son origine. Et elle peut aussi passer à travers les miroirs, c’est-à-dire voyager dans l’espace grâce à ces objets.


Un beau jour, on lui apprend qu’elle doit se marier à un parfait inconnu, Thorn, de l’Arche du Pôle, c’est-à-dire du grand nord là où il fait froid. Ophélie se rend donc au Pôle où elle est mêlée à des tas d’affaires de cour, la société de l’Arche étant régie par des castes aristocrates qui sont les courtisans de l’Esprit de Famille, Farouk. Elle doit se cacher la plupart du temps car son fiancé, Thorn, n’est pas très apprécié par la cour. Bref, c’est le début des ennuis et aussi d’une histoire d’amour plutôt mal embarquée avec un Thorn qui ne fait absolument rien pour se faire apprécier !

L’imagination sur grand écran

Comme dans la littérature policière, que certains qualifient de sous-genre comme la littérature fantastique et la littérature jeunesse (!), il existe un vrai terreau d’auteurs français pour la jeunesse. J’aime beaucoup ces « sous »-genre parce que justement ce sont de vrais genres littéraires, c’est-à-dire où les auteurs peuvent (enfin) nous raconter des histoires. Il n’y a qu’en France que l’on considère un roman avant tout selon son style d’écriture… nous sommes bien les héritiers des lecteurs de Proust ! Un bon roman est avant tout une bonne histoire, qui le sera d’autant plus que le style de l’auteur nous permettra d’entrer dans son imaginaire.
C’est ce que font depuis quelques années des auteurs comme Pierre Bottero l’auteur de la Quête d’Ewilan, Erik L’Homme et son Livre des Etoiles, Sophie Audouin-Mamikonian qui a écrit la saga Tara Duncan, et depuis peu donc Christelle Dabos. Ils sont les héritiers francophones d’un Tolkien, d’un C.S Lewis l’auteur du Monde de Narnia ou surtout d’un Philipp Pullman et sa saga La Croisée des Mondes.

Qu’est-ce qui fait le succès des livres de Christelle Dabos et le bonheur de ses lecteurs et lectrices ?

Tout d’abord c’est bien sûr le « monde » qu’elle invente. On sait que c’est là la clé de la réussite et de l’immersion. La force de J.K Rowling ou de Tolkien c’est bien leurs descriptions minutieuses qui coïncident avec un foisonnement imaginaire qui émerveille et fait toute la richesse de la lecture. Dans un autre genre, c’est ce qui a empêché George Lucas de réaliser plus tôt la suite (ou plutôt le début) de sa saga Star Wars, car il disait à la fin des années 80 qu’il n’avait pas la technologie nécessaire pour faire vivre les mondes qu’il avait dans la tête. Et on voit bien d’ailleurs les différences criantes entre les deux trilogies : l’originale des années 70-80 est centrée sur les personnages, les vaisseaux qui sont des maquettes magnifiques, tandis que dans la seconde série des années 2000, les effets spéciaux ont permis au réalisateur de pouvoir étendre son histoire dans les détails de la vie des planètes. Mais je digresse…

Chez Christelle Dabos, il y a ce sens du détail, les objets, les personnages qui nous permettent de nous sentir vivre dans les livres. Elle réussit très bien également à faire une synthèse entre différentes sources d’inspirations : Harry Potter bien sûr, mais aussi le steampunk et je trouve également les films de Miyazaki. Il existe une force poétique dans certains passages qui me font penser au Château ambulant ou au Voyage de Chihiro (vous aurez compris chers lecteurs, que je suis aussi une fan absolu de l’oeuvre de Miyazaki, c’est logique !). L’invention de la Citacielle de l’Arche du Pole fait partie de ce registre.
Elle décrit un monde complexe et complet, qu’elle a bien pris le temps de réfléchir en amont. On sent qu’elle sait où elle nous emmène, ce qui est extrêmement agréable pour le lecteur, et pas toujours évident dans ce genre de lecture où parfois l’auteur ne sait pas trop où il va, je pense par exemple aux romans de George R.R Martin de Game of Thrones qui sont pour cela imbuvables.
Ces personnages sont attachants, entre autre les deux héros qui se cherchent, qui se trouvent, qui grandissent aussi. Il y a également des personnages loufoques, qui mettent de l’humour dans une saga qui peut, dès le tome 2, avoir des aspects plus sombres. L’intrigue est soignée et elle fait appel aussi à des questionnements actuels, en particulier dans le tome 3 où Ophélie vit dans une Arche qui ressemble parfois à un vrai régime totalitaire ! Et puis surtout il y a l’histoire d’amour… inévitable et pour le coup très bien menée et très puissante. C’est ce qui manque souvent dans les romans de jeunesse et aussi dans la littérature fantastique et pour le coup, la lectrice que je suis apprécie ce point (et je sais que je ne suis pas la seule).

Bref, si vous aimez ces genres, il ne faut pas hésiter une seconde à découvrir cette saga qui devient incontournable en France. Si vous avez un cadeau à faire à un-e adolescent-e passionnée de lecture, vous avez là un très bon moyen de faire plaisir !

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7 commentaires sur “La Saga de La Passe-Miroir de Christelle Dabos

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