Je sens que ma nuit va être courte…… tous les symptômes d’une bonne angine… mal de tête, mal de gorge, fièvre !
A part ça ? A part ça tout va bien mon bonne dame…quelle sensation étrange de vivre et d’obtenir exactement tout ce que l’on désire, tout ce que l’on veut. En psychanalyse on pense que l’inconscient est le seul maître à bord ; d’après ce constat il s’avère que mon inconscient et moi nous faisons un très beau couple et un bon ménage !
Pourtant j’ai la nostalgie de mes états d’âme passés : les pensées d’Arthur et Emil coulent bien dans mes veines et j’aime, un peu comme ce soir, revêtir une fois encore ces idées pessimistes comme on enfile, à la maison, un vieux survet’ confortable. Ce n’est pas si évident de faire partie des gens heureux… et j’apprécie de retrouver mes tournures d’esprit un peu plus négatives, retrouver mon cher Thanathos… oh mais juste quelques minutes.
Celle-ci particulièrement : « qu’est-ce que je fais encore ici ? » L’appel du large n’est jamais très loin et je suis prête à dépenser déjà 800€ pour un vol Paris-Bangkok-Yangoon pour le prochain mois de février.
Ou bien telle autre : « Celui là va me briser le cœur »… no comment 🙂
Ou encore : « Il y a vraiment des choses en moi que je n’aime pas »: alors celle-là elle n’est ni psychologiquement ni bouddhiquement (?) correcte… mais rien n’est plus difficile dans ce bas monde que d’être capable de s’observer au plus juste sans jamais se juger ! Seulement voir ce qu’on est, sans fioriture mais sans souffrance et sans exagération.
Le Juste Milieu, un havre de paix au fin fond d’un monde en déroute. Ni trop, ni trop peu, sans fixation, sans attache. Toujours prendre les choses, les pensées, les mots pour ce qu’ils sont, et non pour ce que l’on interprète. L’illusion est juste cet emplâtre que l’on pose, mal assemblé souvent, sur une Réalité des milliards de fois plus belle que le cinéma, pauvret, que l’on se joue à tout moment. Sur cet instant pourtant très riche, pourquoi vouloir y ajouter des fioritures ?
Le seul principe qui depuis quelques temps déjà m’anime et me fait survivre est le suivant : je ne veux plus du tout souffrir. Devant cette opportunité, comme un obèse à la diète, je deviens draconienne et j’enlève, non par sacrifice mais par pur égoïsme, toute la graisse, les lipides ou les sucres lents qui pourraient boucher mes artères émotionnelles. Comme une novice j’y suis allée à la louche au début : un retrait du monde aurait-il été le bienvenu ? Mais quel plus grand défi que de le narguer, ce monde, en y vivant et en y étant joyeuse ? Alors j’en ai enlevé toutes les attaches maladives qui faisaient ma perte, ma souffrance, toutes ces grandiloquences de l’esprit et du cœur que je pouvais porter en pendentif pendant des semaines. Il s’agit bien d’une alchimie, d’une transmutation, de nouvelles tendances qui chassent les anciennes, vieilles de plusieurs millénaires, les archétypes ancestraux qui nous brisent pour nous faire entrer dans le moule de la société. Les neurosciences nous le prouvent : la psychanalyse comme la méditation transforment la carte chimique du cerveau. On peut réparer et on peut améliorer. Qui dit mieux ?
« La preuve que l’homme exècre l’homme ? Il suffit de se trouver au milieu d’une foule, pour se sentir aussitôt solidaire de toutes les planètes mortes. » Cioran (toujours!)