Très bonne émission sur France 5 ce soir, La Grande Librairie sur Freud. Je passe sur Michel Onfray qui joue les Nietszschéen dégoûté, les auteurs du Livre Noir de la Psychanalyse qui ne jurent que par les thérapies cognitives (anglo-saxonnes), Alain de Mijolla et Anne Millet sourire en coin représentant la pratique. A la question de François Busnel, le présentateur, « est-ce que la psychanalyse guérit », tout le monde est d’accord (sauf lui !) pour affirmer que ce n’est pas la bonne question. Tout à fait d’accord, mais les arguments présentés sur ce plateau ne sont pas encore les bons. La psychanalyse n’est pas la psychiatrie : elle ne guérit pas car elle ne devrait pas être en charge des névrosés, psychotiques, TOCqués, etc…
La psychanalyse est bien une science bourgeoise : elle est futile, inutile, destinée aux oisifs, à ceux qui ont le temps comme un citoyen d’Athènes. La psychanalyse sert (juste ?) à se connaître soi-même : elle est là la guérison, dans la connaissance de soi. Il s’agit de mettre en lumière ce qu’il a d’ombre en soi, non pas pour effacer ces parts d’ombre, mais par leur connaissance, par leur éclairage pouvoir les regarder en face et les intégrer au soi. Notre vie n’est qu’un conflit, immense conflit, contradiction éternelle de notre propre condition humaine. Pour être guérit (être heureux ????) il faut tenter de concilier ce qu’il y a d’opposition, coïncidence. Pour cela la psychanalyse est très forte : c’est chamanique, spirituel, philosophique. Elle sait rassembler ce qui est épars en nous permettant de jetter un coup d’œil sur le chaos de notre esprit.
Mais pour cela, il faudrait se sortir de l’usage littéraire de la psychanalyse comme de la philosophie. Écrire des livres, les lire, c’est bien. Mais pratiquer ce que l’on lit, acter, expérimenter, intuitionner, c’est mieux, car c’est cela vivre selon sa vision du monde. Théorie, c’est joli, mais pratiquer, franchement, cela transforme son être humain. Quand donc, bordel (!), nos modernes si imbus d’eux-mêmes, comprendront-ils qu’ils ne sert vraiment à rien de gloser des milliers de pages durant tant que les verbes ne sont pas conjugués dans la vie réelle. Ce sont eux les geek du monde contemporain, vivant dans leur monde enfermé des bibliothèques virtuelles, à nous (plutôt vous en fait) assommer de concepts, de notions, de mots alors que les mots de la philosophie et de la psychanalyse doivent avant tout être vécues. Revenons donc aux Antiques comme je n’arrête pas de la clamer, mais avec nos avancées majeures comme les découvertes de la psychanalyse ou les subtilités du bouddhisme.
Peut-être que l’année prochaine j’aurais la chance de mettre en pratique, dans mon enseignement, ma vision du savoir…