« Je regarde mon frère qui contemple les orangers, le fouillis des voitures et la foule des passants et je sais ce qu’il pense. Il boit son thé sans quitter des yeux cette place qu’il ne verra plus. Il essaie de tout enregistrer. Oui, je sais ce qu’il pense et je fais comme lui. Immobile, je laisse les bruits et les odeurs m’envahir. Nous ne reviendrons plus jamais. Nous allons quitter les rues de notre vie. Nous n’achèterons plus rien, jamais, aux marchands de cette rue. Nous ne boirons plus de thé, ici. Ces visages, bientôt, se brouilleront et deviendront incertains dans notre mémoire. »

Laurent Gaudé, Eldorado

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