Un jour, il y a quelques années, j’ai entendu à la radio (je ne sais plus laquelle), quelqu’un qui parlait d’un groupe anglais qui allait sortir un album et que cet album allait être de la bombe musicale. Toujours à la recherche de nouveautés musicales, j’avais noté sur mon carnet Moleskine noir (!) de l’époque le nom de ce groupe. J’ai attendu quelques semaines tout de même pour voir arriver cet album. Quand je l’ai trouvé, je n’ai pas hésité, me souvenant de ce bon conseil et de l’envie qui me taraude sans cesse d’écouter des choses que je ne connais pas. Car la musique lasse, sans doute plus vite encore que l’amour.
Ce groupe c’était London Grammar. C’était en 2013. A l’époque j’habitais sur la Côte d’Amour… les plages longues et sablonneuses ont supportés mes foulées au crépuscule, en hiver, quand les touristes ne se demandent pas encore ce que devient l’océan, en écoutant sur mon baladeur l’éternel premier opus de London Grammar, If you Wait. J’ai tout de suite été subjuguée, par la voix bien sûr, celle de Hannah Reid, mais aussi par les arrangements, minimalistes mais très travaillés et éthérés du groupe.
Cet album est pour moi l’un des tout premiers dans ma top liste des albums de musique… et j’écoute de la musique depuis plus de 40 ans… et j’écoute de tout, c’est pour dire ! Il n’y a rien a jeter dans If you Wait, la magie opère de bout en bout. C’est un chef d’œuvre.
Aussi vous comprendrez, chers lecteurs, que l’attente du second opus de London Grammar est pour moi, comme pour beaucoup d’autres fans, une arlésienne ! Cela fait 4 ans que j’attends et que je me demande ce que le groupe va bien pouvoir faire après cet album stratosphérique. J’ai attendu… j’ai attendu. Depuis quelques semaines, le groupe distille ici et là, sur les réseaux sociaux, sur Youtube, quelques teasers, et des clips de ces prochaines chansons. Mais on a du mal à se rendre compte d’un morceau quand il est comme cela dispersé et qu’il n’est pas écouté dans le Tout que forme l’album voulu et composé par des artistes.
J’avoue, je n’ai pas été transcendée par le premier titre que le groupe nous a partagé il y a quelques temps déjà… Rooting for you a capella en décembre dernier, Big Pictures en février. Je suis un peu restée sur ma faim, car même si on retrouve les ingrédients qui ont été la source du succès en 2013, c’est difficile de se faire un avis. Surtout que, en bonne enfant des années 80, je ne suis pas très attirée par les clips : c’est la musique qui m’intéresse et pas les images.
Le nouvel album de London Grammar est donc sorti il y a quelques jours. Ouf… enfin… je vais pouvoir entrer de nouveau en transe.
Truth is a beautiful Thing est donc son nom.
Pendant que j’écris ces lignes, je l’écoute. Je l’ai découvert hier soir, au crépuscule d’une belle journée d’été, comme il se doit avec ce genre de musique. Et ce soir en rentrant, il fallait que je le réécoute pour confirmer mon opinion d’hier.
Ce nouvel opus n’est absolument pas du tout comme le premier. Il est moins épuré, les arrangements, les mélodies sont plus prononcées. Il est aussi plus électro. La voix, la voie dirais-je, celle de Hannah Reid est mise en avant. Cette voix ! Tendre dans les graves et puissante dans les aigüs avec un timbre rocailleux ou de velours sombre, qui crisse et vous enrobe de soie.
Je suis un peu le programme The Voice en France (sauf dernièrement quand il fut évident que le gagnant allait être encore un garçon et surtout un produit marketing de tout premier ordre !) et je me fais souvent la réflexion qu’il ne sert vraiment à rien d’avoir une « voix » si on n’a pas derrière une composition, une musique, des mélodies, un univers. C’est là la faiblesse du jeu : on ne juge qu’une voix et tout le monde espère l’entendre plus tard sur des disques. Mais les gagnants de ce genre de programmes qui ont eu ensuite des carrière ce sont ceux et celles qui ont su créer, eux mêmes ou avec des paroliers et des compositeurs, leur propre monde musical.
C’est le cas ici, encore une fois, avec London Grammar.
Les arrangements sont moins minimalistes que dans le premier album mais il y a toujours ces nappes musicales qui, pour ma part, me font voyager, qui sont mêmes un voyage astral.
Un titre comme Hell to the Liars est plus proche de l’atmosphère du premier album où la voix et les mélodies de quelques accords sonnent comme dans une cathédrale.
Il y a parfois des côtés Archive (un autre groupe que j’adore) comme dans Truth is the Beautiful Thing, le titre éponyme. Synthé, guitare, voix, des rythmes. Cette musique ouvre en moi une faille émotionnelle immense et me fait quitter la réalité pour me transporter au-delà de moi, vers ce qu’il peut y avoir de sublime. Rien que ça !
C’est une musique de nuit, et cet album encore une fois ne peut, à mon avis, ne s’écouter qu’au crépuscule et en solitaire. C’est de la mélancolie pure.
Les morceaux de ce second album sont plus longs que dans le premier, et l’histoire est plus charpentée, il y a plus de choses à dire. Les expérimentations musicales sont un peu plus présentes, même avec la présence d’un vocorder.
Sans doute que cet album n’a pas la magnificence du premier, qui nous a pris au dépourvu, mais il a la grande qualité de ne pas vouloir répliquer ce qui fut un succès. Le groupe a su se renouveler en restant dans la même veine qui est son ADN. C’est ce dont j’avais peur en attendant… comme souvent, d’être déçue par la suite. On sentait les membres de London Grammar, dans leurs interview à l’apogée, quelque peu dépassés par ce qui leur arrivait et même effrayés. Je m’étais dit qu’il n’allait pas être facile pour eux de rebondir et de continuer, de faire de la musique, autre chose. Je ne suis pas déçue… je les remercie pour ces instants de pur délice qu’ils m’offrent depuis 4 ans quand je les écoute.
C’est con mais je connais vite fait deux de leurs chansons que j’avais beaucoup aimé… et je n’ai pas donné suite. Il va falloir que je m’y mette, Hell to the Liars est une pure merveille !
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