Qu’il fait bon d’être en été. Non seulement il fait beau et chaud, mais le moral des gens va mieux depuis quelques jours ! Pour moi l’été c’est la possibilité de lire des livres un peu légers qui font du bien et qui se lisent tout seul. Pas besoin de prendre du temps, juste de se laisser porter par les mots, l’histoire, les personnages. Fan de lecture, c’est plus facile pour moi que de regarder un film, car je m’ennuie vite avec les images des autres.
C’est pour cela que j’ai sauté sur l’opportunité, proposée par Netgalley, de lire une petite romance, dernier tome d’une saga autour de 3 sœurs, dont j’avais lu l’année dernière le second volet, Les Lumières de Cape Cod. Cette année, c’est l’histoire de la troisième sœur Schuyler, Pepper, que nous conte Beatriz Williams dans Une Maison sur l’océan aux éditions Belfond.
Synopsis
Des tensions de l’Europe en guerre à l’Amérique jazzy des sixties, Beatriz Williams livre un final palpitant, une magnifique histoire d’amitié et de passion, pour ponctuer la trilogie des sœurs Schuyler.
À l’automne 1966, l’intrépide Pepper Schuyler est dans les ennuis jusqu’au cou : non seulement la belle est enceinte de son ex-patron, politicien influent qui la pourchasse à travers le pays, mais elle se retrouve seule et sans ressources. Son unique bien : une Mercedes de collection, qu’elle vient de vendre pour une coquette somme à une mystérieuse acquéreuse, Annabelle Dommerich.
Il faut dire que cette célèbre violoncelliste française attache une valeur sentimentale particulière à ce véhicule. Elle seule connaît l’histoire de cette voiture, de sa course éperdue à travers l’Allemagne nazie jusqu’à son arrivée en Amérique. Et le destin des deux amants en fuite qu’elle abritait…
Alors qu’Annabelle décide de prendre Pepper sous son aile et lui offre un refuge sur une plage déserte de Floride, les deux femmes se livrent peu à peu leurs secrets.
Ensemble, parviendront-elles à affronter les zones d’ombre de leur passé ?
Comme dans les autres volumes (à vrai dire n’ayant lu que le second sur Tiny, je suppute que c’est le même procédé dans le premier sur Vivian), l’auteure mélange les époques, les flashs blacks. Nous sommes à la fois en Allemagne et en France à la fin des années 30, entre 1935 et 1938 et aux États-Unis en 1966. L’histoire se focalise sur le destin d’Annabelle, princesse franco-américaine, prise entre les amours de deux hommes que tout oppose, comme Jean Valjean et Javert : le beau Stefan Silvermann, riche héritier d’une famille juive allemande et Johann von Kleist, baron prussien et général de l’armée nazie aux ordres du gouvernement d’Hitler. C’est en fait le principal reproche à faire à ce roman : c’est avant tout et surtout l’histoire d’Annabelle et Pepper, enceinte jusqu’aux yeux de toute façon, n’est que très passive ici. C’est comme si l’auteure avait en tête l’histoire d’Annabelle et de son triangle amoureux et qu’elle avait voulu la faire entrer de force dans sa saga sur les soeurs Schuyler. C’est, je l’avoue, un peu gênant, car on se dit que 1° l’auteure aurait pu consacrer un vrai roman plus complet à l’histoire d’Annabelle et que 2° on aurait aimé qu’il arrive plus de choses palpitantes à Pepper (de son vrai nom… Prunela… c’est sûr, c’est moins piquant). C’est un roman deux-en-un et c’est un peu bancal.
Par contre, l’auteure reste attachée à ses héroïnes très vivantes et très actives. Ce sont toutes des femmes qui prennent leurs destins en main, même si finalement, comme toujours dans ce genre de roman, les hommes sont omniprésents et forment, il faut bien le dire, le centre de leurs univers. Aucune de ces femmes ne peut être célibataire : elles doivent à un moment ou à un autre être avec un homme, non seulement parce que c’est la trame obligatoire d’une romance, mais aussi parce que, je pense, il est encore difficile de faire changer les mentalités actuelles. Ainsi, Pepper, qui est pourtant l’effrontée de la fratrie, puisqu’elle a des aventures sans être mariée, avec des hommes mariés et qu’elle tombe enceinte, ne peut finalement, qu’être rattrapée par ce destin qui semble encore aujourd’hui inévitable : rencontrer un homme et vivre avec lui.
L’autre remarque que je me suis faite durant cette lecture, c’est que les personnages masculins décrits dans cet opus sont vraiment des personnages pensés et écrits par une femme ! Aucun homme, réel et normal, ne se comporterait comme le font Stefán, Johann et Florian. Pour eux, tout tourne autour de la femme de leur vie, que cela soit Annabelle ou Pepper, ce qui est, dans la vraie vie, tout à fait impossible ! L’auteur nous écrit là les fantasmes amoureux de la plupart des femmes occidentales et je trouve que ce n’est pas la meilleure façon de participer à l’émancipation féminine.