L’Enclos des Roses : le monastère de Sera au Tibet

Dans la région de Lhassa il existe, ou plutôt il existait (!) plusieurs monastères qui étaient également des lieux d’étude très célèbres, des Universités bouddhistes en quelques sortes. Il y a le monastère de Drepung et celui de Ganden, mais surtout celui de Sera qui forment les « Trois Piliers de l’Etat ». Aujourd’hui la vie intellectuelle de ce grand centre n’est qu’une façade, pour les touristes ou pour la bonne conscience des autorités chinoises, car les bâtiments ont été détruits, reconstruits… Abritant près de 5 000 moines avant l’invasion chinoise, il n’y a depuis la Révolution culturelle qu’une centaine de moines, qui d’ailleurs n’ont pas vraiment le loisir de pratiquer un bouddhisme pur. Pourquoi ? Mais parce qu’ils doivent avant tout prêter serment de fidélité au Parti… comment voulez vous faire coïncider ces deux mondes ? Le monastère et son université ont été « déménagé » en Inde, près de Mysore (Inde) à Bylakuppe : je soutiens financièrement, avec l’association SolHimal, un jeune moine de ce monastère ; un jeune moine de mon âge qui a été torturé dans les prisons chinoises, il en a perdu un œil, et qui, il y a une dizaine d’années, à fuit le Tibet pour se réfugier en Inde.

 

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Au second étage

 

Le monastère, situé à environ 5 kilomètres au nord de Lhassa, a été fondé en 1419 par un disciple de Tsong Khapa, Chöje Shakya Yeshe. Le maître tibétain s’était déjà installé précédemment avec d’autres étudiants dans des ermitages aux alentours. Tsong Khapa est le fondateur de la secte de Gelukpa , « les vertueux », les bonnets jaunes, dont le dalaï-lama est le chef. Il avait fondé lui-même le monastère de Ganden en 1409 ; Drepung a été fondé par un autre disciple, Jamyang Choje

 

Le nom du monastère veut dire l’Enclos des Roses, ce qui montre l’atmosphère charmante et pacifié du lieu. Le monastère est en fait un vaste complexe de bâtiments d’étude et de pratique ; il y a ainsi trois grands ensembles universitaires : Sera Je Tratsang, Ngakpa Tratsang, Sera Me Tratsang. Le Tsokchen est la grande salle principale où se réunissent les moines pour les pudja. Tout autour sont disposés trente khangtsangs, qui sont des quartiers résidentiels pour les moines résidents ou voyageurs, avec des chapelles privées.

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Vue du Hamdong Khangtsang, la principale résidence des moines.

 

 

 

Mais le lieu le plus originale est la Chora, la grande place ouverte où se déroulent les débats philosophiques. Les moines, en spectacle, sortent tous les jours et par couples, se lancent des défis philosophiques. L’un pose une question debout avec son mala à la main (le mala est le chapelet de 108 grains), tandis que l’autre doit répondre le plus vite possible en restant assis. Le questionneur juge des réponses en agitant ses bras et son mala suivant un code précis. Ces débats sont très célèbres ce qui attire les touristes ! mon guide tibétain m’avait alors affirmé avec un sourire qu’ils n’étaient plus vraiment très « authentiques » 🙂 C’est sans doute ce qui explique que les moines de Sera ont toujours été en première ligne lors des révoltes anti-chinoises, en 1987, en 1989 et encore la semaine dernière à Lhassa.

 

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Derrière la place principale des débats, réservée aux jeunes moines, se trouve une plus petite place où les moines plus âgés se retrouve, sous l’ombre salutaire d’un arbre. Ils ne débattent pas, plus d’illusions !

 

 

 

Quand je l’ai visité, l’entrée était en pleine reconstruction : en fait on fait détruire aux Tibétains les bâtiments de leur patrimoine et on les fait reconstruire à grands renforts de plaques de granit pour rendre la promenade plus agréables aux visiteurs. C’est là que, entrant dans la salle principale, lieu de recueillement, j’ai vu et entendu des Chinois répondre sans respect aux appels de leurs téléphones portables, parlant si fort que l’on entendait plus la pudja et crachant sur leur parcours… c’est là, un jour après mon arrivée à Lhassa, que j’ai bien compris l’arrogance et la bêtise chinoise !

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Entrée du monastère de Sera, en plein travaux (2003)

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