Il y a du bouddhisme partout

spéciale dédicace à Hugo !

Il y a parfois des évidences pour soi-même qui ne le sont pas du tout pour les autres ! Voilà une claire banalité. Chacun voit, ici ou là, des messages qu’il croit à lui seul destiné, en particulier dans l’Art. La musique est pour cela totalement accessible puisque son “message” est surtout émotionnel, imaginaire, et universel. Par contre c’est moins évident avec la littérature ou le cinéma. Nous avons tous des livres ou des films préférés parce qu’ils nous touchent, nous, profondément, là où ça fait mal ou bien au contraire là où c’est joyeux. Tout le monde a, dans sa tête, sa petite playlist, toutes différentes et c’est toujours un délice, quand on rencontre quelqu’un, de se rendre compte qu’il y existe quelques entrées communes. Souvent je me dis qu’un Amour véritable devrait être celui qui a le plus haut pourcentage de coïncidence de ce genre… Ainsi, pour moi, des films comme Matrix ou la seconde trilogie de Star Wars sont d’une transparence étonnante. Leur fond bouddhiste ne fait aucun doute. Je me suis rendue compte, après une discussion téléphonique, que ce n’était pas évident pour tout le monde, même pour les plus grands fans de science fiction. Evident me direz vous, puisqu’il y a peu de fans de Sci-Fi bouddhistes ! et j’ai toujours eu peur d’enfoncer des portes ouvertes en écrivant à propos de ce qui me paraît tellement évident que je n’ai pas fait cette note plus tôt, ce qui est vraiment regrettable. Mes lecteurs me diront si je fais bien. Le composante bouddhiste dans Matrix a été mainte fois abordée, mais souvent par le petits bouts de la lorgnette. La matrice c’est le samsara, le monde illusoire dans lequel nous avons l’impression de vivre, le monde de souffrance, d’esclavage qui est le nôtre. La vision presque nihiliste de la matrice dans le film est assez proche de certains textes bouddhistes qui nous rappellent, à longueur d’aphorismes, que ce monde auquel nous croyons dur comme fer n’est qu’un écran de fumée et surtout le lieu de tous nos malheurs. « Ni dans les airs, ni au milieu des mers, Ni dans les failles les plus profondes, Il n’y a d’endroit en ce monde Où échapper à la victoire de la mort. » Dhammpada, n° 128 L’enjeu, dans Matrix, c’est la Voie : il faut se détacher de la matrice, du samsara douloureux qui nous enchaîne. Pour cela le film est assez pingre quant aux moyens, aux véhicules : Néo a droit de choisir entre deux pilules, il prend la bonne et le voilà délivré… quel raccourcis quand on sait que justement tout est dans la Voie, plus que dans la Libération elle-même. Mais là n’est pas le propos du film. Néo, c’est un futur Bouddha, un Bodhissatva dirions nous dans le bouddhisme mahayana : un héros, qui combat l’illusion (M. Anderson en l’occurrence) pour se sauver lui-même mais surtout pour sauver les Autres, tous ceux qui sont encore enchaînés ou même ses compagnons qui sont déjà engagés sur la Voie. M. Anderson est comme le funeste Mara, qui propose plusieurs fois à Néo ou à d’autres de retourner dans la matrice, dans le samsara, car la Vision Claire est insoutenable à celui qui ne s’engage pas réellement. Certains retournent donc dans le cadre protecteur de l’illusion.

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Quand Néo se rend chez l’oracle, il rencontre des enfants qui ont des pouvoirs surnaturels, capable de plier des cuillères, capables de maîtriser la Réalité. Il apprend lui-même à se déplacer, à combattre dans la matrice comme un être surnaturel, volant de toits en toits. Ces pouvoir sont décrits également les textes bouddhistes : ces pouvoirs spirituels (entendez tirés de l’esprit propre) existent, ils fascinent c’est sûr, mais ils ne sont pas le but à attendre. Le monde peut-être plié à la volonté de l’esprit mais ils ne servent à rien dans la quête de l’Eveil. Au contraire, ils peuvent détourner le bodhissatva de sa route s’il s’y attache, s’il y trouve goût et orgueil. Tout ceci n’est qu’une étape, et d’ailleurs Néo n’en fait que peu de cas.

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Venons en au principal : l’Eveil. Néo devient un Eveillé, un Bouddha donc, quand il se croit mort, tué par les balles de M. Anderson, puisque dans la matrice quand vous croyez être mort, vous l’êtes réellement. Bien joué ! En fait la mort n’existe pas, dans la matrice comme dans le samsara. Quand Néo se rend compte, se réveille à, voit (les termes sont nombreux) la Réalité, c’est-à-dire qu’il n’est lui-même qu’une illusion dans la matrice, et bien il est pleinement éveillé, il est conscient. Il voit la Matrice, il voit le monde qui l’entoure tel qu’il est : des chiffres, des points, qui forment les objets de la matrice, les personnages virtuels qu’il combat. Voir la Matrice… voir le monde tel qu’il est… nous sommes en plein cœur du bouddhisme ! Ensuite Néo peut façonner le monde, la réalité relative de la matrice-samsara comme il l’entend : il peut voler (!), ressusciter sa dulcinée, etc.  Il devient un enseignant, qui peut montrer aux autre la Voie, comme tous les Bouddha. Dans la seconde trilogie de Star Wars, l’ascension et la chute d’Anakin Skywalker, les références bouddhistes sont encore plus précises et fines. Déjà, dans la première série, la lutte entre les Jedï et le côté obscur de la Force avant des relents non pas tant de lutte entre le Bien et le Mal comme les pressés pourraient le croire, mais de lutte entre la Sagesse et l’Ignorance, le thème principal de la Voie bouddhiste. Les adeptes du côté obscur sont ceux qui se sont engagés dans la Voie la plus facile, la plus simple, celle de la colère, du désir, de la soif de puissance, l’orgueil. Au contraire, les Jedï, des bodhissatva donc, sont ceux qui ont choisi le dur chemin du renoncement. La Force, cette entité qui nous entoure, nous fait vivre, bien plus qu’un Dieu créateur totalement niais, est la puissance de la vie, la Volonté de vivre (bon là j’y reviendrais, parce que cela devient nietzschéen !). Les Jedï sont des moines-soldats, exactement ce que sont les bodhissatva, chargés de protéger la République et les citoyens, charger aussi de les sauver du côté obscur. Ils ont renoncé à tout, ils vivent de peu mais possèdent une grande force mentale et surtout, eux aussi, des pouvoirs extraordinaires, qu’ils n’utilisent pas pour eux-même (pas d’orgueil) mais pour le salut des autres.

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A propos de la seconde trilogie, les références sont claires. La première est le nom de la Princesse Amidala, future mère de Luke et Lea : elle s’appelle Padmé… tout bouddhiste qui se respecte est charmé d’entendre le cœur du mantra principal, celui chanté dans les pratiques de Tchérenzi, le bodhissatva de la compassion, presque hymne national tibétain, que l’on voit inscrit partout dans les terres bouddhistes de l’Himalaya : Om Mani Padmé Houng. Padmé signifie la sagesse. Mais surtout, c’est la chute d’Anakin qui est frappante. Lors d’une scène dans le seconde volume, l’attaque des Clones, Anakin et Padmé s’enfuient et se retrouve sur un croiseur interstellaire à causer : Padmé lui demande s’il est interdit aux Jedï d’aimer. Anakin répond que non, mais qu’il est interdit de s’attacher. Tout est dit ! C’est l’amour attachement qui est néfaste, l’amour égoïste, égotique, d’Anakin pour sa mère et Padmé, qui provoque sa chute, sa transformation en Darth Vador. L’amour-attachement l’entraîne vers la colère quand il découvre sa mère mourante sur Tatouine ; c’est l’amour-attachement qui provoque son désir de Padmé mais surtout la peur qu’il a de la perdre. Colère, désir, peur… voilà le côté obscur de la Force (je parle comme Yoda) et voilà la base de l’enseignement bouddhiste. Tu peux aimer disent les Jedï, mais personne en particulier et tout le monde à la fois, sinon c’est ton ego qui s’exprime. Anakin n’est donc pas un Bouddha, ce n’est pas lui qui va libérer la galaxie. Mais il est le contre-exemple qui n’est jamais énoncé dans les textes : il est tout ce qu’il ne faudrait pas faire, mais que, englués dans le samsara, tous nous exécutons allègrement. Anakin-Darth Vador se retrouve alors aux Enfers, qui n’a rien à voir avec un lieu précis, mais dans l’Enfer de son moi tout puissant, esclave de la souffrance et de l’Empereur. La souffrance il la connaît d’ailleurs fort bien, psychologique puisqu’il perd finalement Padmé, et physique puisque son corps est pratiquement détruit et qu’il devient une machine… on retrouve la matrice.

 

Est-ce que vous voyez la matrice ???

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