J’ai décidé, pour une fois, de m’intéresser à la rentrée littéraire. D’habitude ce n’est pas quelque chose qui me passionne, surtout parce que c’est en grande partie un raout de Bo.bo. parisiens, snob et élitiste, couplé la plupart du temps avec une complaisance bassement matérielle envers les écrivains, surtout quand ils sont connus.
Ainsi, Michel Houellebecq, auteur que j’aime beaucoup tant dans ses écrits que dans sa posture, était l’invité de l’émission-que-je-ne-regarde-jamais, On n’est pas couché, le samedi soir. On sait aussi qu’Amélie Nothomb sera l’invité pas du tout surprise de la Grande Librairie de la rentrée.
De plus, la plupart du temps, je préfère attendre que le temps ait fait son œuvre, que la rumeur, la polémique ou le bouche à oreille aient chassé le bon grain de l’ivraie, et surtout que les ouvrages de la rentrée de septembre sortent en poche en janvier !
Mais cette année, pour une raison que je ne dévoilerait pas ici, j’ai décidé de m’intéresser un peu plus à la rentrée littéraire, et d’essayer de lire des livres tout neufs qui sortent en ce moment.
Déjà, la rentrée, elle commence mi-août. Franchement, ce n’est pas cool, car ils sont rares les vacanciers qui se mettent à lire des « livres de rentrée » en plein milieu des vacances. Les « livres de vacances » n’ont rien à voir avec les « livres de rentrée ». Les premiers sont légers, tant par leurs nombres de pages que par leurs sujets ; tandis que les seconds visent les sommets des prix littéraires de l’automne, ils attendent une chronique dans Le Monde des Livres ou dans le Grand Journal de Canal+, bref ils ont des ambitions. Donc, les « lecteurs de vacances » (qui sont par ailleurs beaucoup plus nombreux que les « lecteurs de tous les jours »), n’a pas forcément envie de s’embêter sur la plage, au bord de la piscine, dans son jardin comme moi, avec un livre dégoulinant de sujets sérieux, de recherche stylistique exotique ou de « chef-d’œuvre de l’année ».
Mais bon, il faut s’y coller. Donc j’ai entamé ma session « rentrée littéraire » par deux petits ouvrages qui me semblaient bien faire la jonction entre l’ambiance des vacances et la morosité de la semaine qui s’annonce. J’ai lu tout d’abord le dernier Amélie Nothomb, Le Crime du Comte de Neville. Amélie Nothomb, c’est comme les macarons… pas les vrais hein ! ceux de Montmorillon dans le Poitou que personne (surtout pas les parisiens) ne connaît… mais les macarons-pour-touristes de toutes les couleurs que l’on vend fort cher dans les boutiques tendances des beaux quartiers : c’est varié, tout plein de couleur justement, mais ça n’a pas beaucoup de goût. Bon voilà… tout est dit ! Le nouveau Nothomb est un peu rigolo, rapide en bouche (ça se lit en une après midi de soleil) et ça ne laisse pas un souvenir éclatant. C’est l’histoire d’un comte désargenté belge qui veut, avant de vendre son château, faire une magnifique party comme seuls savent en faire les aristocrates belges. Mais une prédiction malencontreuse d’une voyante allumée, lui affirme qu’il tuera un de ses invités. Schocking pour le comte, car cela ne se fait pas… non pas de tuer, mais de tuer UN INVITE, c’est-à-dire une personne à laquelle on doit plus de respect encore qu’au Roi des Belges. La fille du comte, Sérieuse (si, si) qui fait une crise d’adolescence pénible (elle se ressent plus rien, c’est une éternelle dépression), lui propose alors un deal qu’il ne saurait refuser ! Je n’en dit pas plus (spoiler est mal vu à ce qu’il paraît sur les blogs) juste pour vous dire que le Happy End viendra à l’écoute de Schubert, et ça, je trouve que c’est la vraie trouvaille de ce texte : on ne peut que ressentir la puissance et le tragique de la vie à l’écoute de l’œuvre de Schubert.
Le personnage de Sérieuse, quand on connaît un peu les livres d’Amélie Nothomb, fait bien sûr sérieusement penser à l’auteure. Elle nous parle encore et toujours d’elle. Ce n’est pourtant pas une biographie, mais on se dit que finalement, après 17 ans, on ne grandit plus, on se fait que survivre à ce que l’on est déjà. Et c’est sans doute cela le tragique de la vie, du moins pour la plupart des auteurs francophones actuels.
L’autre livre rapide et tonique que j’ai fini avant la rentrée, c’est celui de Sophie Divry, Quand le diable sortit de la salle de bain. C’est l’histoire d’une chômeuse écrivaine (l’auteure ???… mais bien sûr mes amis) qui se retrouve dans une dèche pas possible, qui connaît la faim et surtout les déboires administratifs de Pôle emploi ! On ne peut pas être plus proche de la réalité sociale actuelle. Mais très vite le sujet s’en éloigne quand la narratrice-auteur nous détaille ses conversations imaginaires avec sa mère, le diable sous la forme du démon Lorchus et son meilleur ami Hector, le roi de la kékette. La folie guette. Le livre se veut « moderne », atypique, original par l’adjonction de calligrammes, de dialogues étranges et surtout de litanies hautement ennuyeuses qui m’ont fait tourner les pages sans les lire, ce qu’en général je me refuse catégoriquement à faire quand j’essaye de lire un livre. L’humour est assez présent, mais je n’ai pas compris la fin du livre… cela se finit en queue de poisson, ou plutôt en queue-fourchue-de-diable-à-corne. Personnellement je n’ai pas vu dans ce livre l’aspect « social » voire la dénonciation politique que certains critiques y trouvent. C’est beaucoup trop superficiel pour cela.