Depuis presque un moi j’ai entamé une nouvelle vie. J’ai décidé de changer de vie. J’ai passé presque 20 ans à user mon cerveau dans des classes, devant des élèves pas toujours très motivés, pour une société ancrée dans le passé. J’ai eu la chance de faire pendant 5 ans l’expérience fascinante, fatigante et farfelue de l’auto-gestion mais aujourd’hui je considère que le système tout entier de l’Education nationale est bien trop ancré dans un monde moribond pour que j’ai encore quelque chose à y faire !
J’ai donc repris des études… ce qui tombe bien car j’ai repris des études autour de ce qu’on appelle « l’économie de la connaissance ». Je veux pouvoir aller vers ce monde qui s’ouvre, en attendant la fin des anciennes valeurs. J’ai repris une formation en master 2 professionnel à l’Université d’Angers pour travailler, j’espère assez vite, dans le développement local des territoires.
Ce nouveau paradigme, comme on dit, est le suivant. Le capitalisme fordiste est mort, c’est-à-dire le capitalisme de papa, des Etats-nations, des firmes multinationales, de la société de consommation et de loisirs, fondé uniquement sur le profit à court terme, le pillage des matières premières, le travail physique, l’autorité, l’égo-roi et la hiérarchisation de la vie collective. De ces cendres est en train de naître l’économie de la connaissance, celle que l’on voit surtout au travers d’Internet mais aussi de tout un tas d’innovations sociales, économiques, d’organisation, et parfois même politiques. Or, pour que les connaissances fusent, se développent, s’échangent, il faut tout d’abord une forte coopération entre les êtres humains mais aussi une forte proximité. Cette proximité est avant tout géographique. L’économie de la connaissance c’est donc aussi le triomphe du local, du territoire, du réseau interpersonnel de la communauté d’appartenance sans qu’il y ait dans ce terme le moindre sens identitaire. L’économie de la connaissance c’est bien sûr la mondialisation et, pour ne pas se perdre dans cette totalité qui a aussi ses avantages, les êtres humains doivent se recentrer en même temps sur un espace qu’ils connaissent, qu’ils vivent. C’est donc, je l’espère grandement, non seulement la fin des Etat-nations nés en même temps que le capitalisme classique, mais aussi de la politique telle que certains de nos contemporains s’y accrochent encore. Je sais… il faut du temps pour que l’ancien Empire meurt. La connaissance est donc mondiale, je peux lire des articles scientifiques du monde entier grâce à Internet, mais elle est aussi locale car je vis sur un territoire particulier, dans lequel j’évolue pour me sentir bien et j’appartiens à des réseaux (professionnels, personnels, de loisirs, associatifs…) qui me font vivre ce territoire de plusieurs façons.
C’est vers l’épanouissement de ce monde-là que je veux à présent me tourner, et laisser de côté ce vieux monde agonisant d’une école où on oblige les enfants à faire des dictées tous les jours et à avoir des leçons de morale… d’une classe politique qui ne pense qu’à elle-même en oubliant depuis des décennies le bien commun… d’une économie meurtrière qui détruit non seulement l’humain mais aussi la nature… d’une société qui fait de l’individu en soi un objectif alors que nous ne sommes que des moyens pour atteindre une tranquillité qui ne peut être que collective.