L’autisme : est-ce une maladie (curable ?), un handicap comme la trisomie 21, ou bien une autre forme d’intelligence humaine ? Pour Josef Schovanec, autiste Asperger, l’autisme n’est qu’une forme possible d’intelligence, comme aux temps préhistoriques ont sait à présent qu’il existait plusieurs espèces humaines sur Terre. Homo Sapiens est une forme de l’humanitude. L’autisme également.
On parle beaucoup d’autisme dans notre société, sans doute parce que l’on est incapable, dans un monde extrêmement normé et étouffant, de faire une place à la différence. On peut accepter une « petite différence », et encore, mais notre société ne sait pas faire avec l’Autre. On parle beaucoup d’autisme également parce qu’il semble bien qu’une épidémie soit en cours.
L’autisme est-il un handicap ?
On ne sait pas s’il s’agit de diagnostics plus fréquents (sans doute) ou bien d’une réelle augmentation des cas d’autismes, en tout cas, être autiste devient presque une normalité, et je dirais même devient presque une mode !
Vous avez sans doute vu fleurir sur internet ou les réseaux sociaux ces sujets pour savoir si finalement nous n’étions pas un peu Asperger. Parce qu’il y a autisme et autisme (bien sûr…) : quand on parle d’autisme on fait souvent référence au syndrome d’Asperger, que l’opinion commune place comme un équivalent de personne très douée, très intelligente. Et chacun de se retrouver un petit côté Asperger… bien si dit donc, moi aussi je fais des trucs géniaux parfois… Il paraît même que certains investisseurs ne décident de prêter de l’argent à des start-up que si elles ont des autistes dans leurs employés ! Bref, être autiste c’est tendance, comme d’avoir le dernier it-bag d’une grande marque de luxe.
On se demande aussi de plus en plus si l’autisme ne serait pas lié aux questions de pollution de l’environnement : on sait tous aujourd’hui qu’ingérer des pesticides ne fait pas du bien au corps et au cerveau. On sait que dans certaines régions du monde particulièrement soumises aux épandages chimiques, les cas d’autisme chez les jeunes enfants sont plus importants que la moyenne.
C’est oublier un peu trop vite que 1° tous les autistes ne sont pas Asperger et que 2° vivre avec des personnes handicapées, autistes ou autres, n’est pas du tout une sinécure pour la famille (et là, c’est ma propre expérience familiale du handicap mental qui parle). Quand on écoute les témoignages des parents d’enfants autistes ou trisomiques, on s’aperçoit bien vite que c’est avant tout une vie de sacrifice, de galères sans nom pour intégrer son enfant dans la vie sociale, qu’elle soit scolaire ou professionnelle, que c’est un chemin semé d’embûches où l’on se retrouve tout seul, sans aide aucune des institutions, et qu’il faut surtout compter sur la solidarité des autres parents. Et puis je sais que vivre au quotidien avec un enfant handicapé, qu’il faut surveiller 24h/24h, d’un être totalement dépendant, qui peut faire des crises, se mutiler, être violent, qui ne communique pas avec vous, c’est épuisant, c’est un enfer ! Il a des degrés dans l’autisme comme dans tout handicap mental et dans toute forme d’intelligence humaine et tout le monde ne peut être docteur en science ou jouer la comédie dans des films à succès.
Reconsidérer la construction du monde humain
Josef Schovanec nous propose, dans son livre Nos Multiples Intelligences, un diaporama du monde de l’autisme, des univers autistiques. Après avoir constaté que le monde moderne est un monde qui devient de plus en plus homogène et donc qui chasse la différence, il nous fait parcourir les mondes autistiques, ces univers où les autistes aiment se rendre, voyager, vagabonder. La science-fiction, les mathématiques, l’informatique, la mythologie, les étymologies, la passion des langues rares : tous ces champs du savoir sont souvent (ou en tout cas pour l’auteur lui-même) des mondes dans lesquels les esprits autistes peuvent batifoler et assouvir leur insatiable soif de connaissances et d’évasion du monde social.
Le livre de Josef Schovanec est écrit dans une langue suave et surannée, pleine de néologismes ancestraux et on sent que l’auteur se fait plaisir à écrire comme on ne le fait plus. C’est un régal.
Parfois, souventefois comme l’écrit plusieurs fois l’auteur, les digressions nous perdent un peu et on ne sait pas trop où Schovanec veut nous amener. Sans doute nulle part, du moins pour le lecteur, mais le livre est avant tout un ouvrage écrit par l’auteur pour lui-même, pour affirmer qui il est et quelles sont ses particularités.
Tous les grands hommes et toutes les grandes femmes sont-ils des autistes ?
Toutefois, Josef Schovanec a une tendance, un peu lourde je dirais, à chercher de l’autisme partout. Selon lui, d’après ses propres analyses, certains domaines du savoir marginaux et des personnalités du passé un peu hors des cadres sont forcément issus de cerveaux autistes ou des autistes qui se sont toujours ignorés. Ainsi, pour l’auteur, Jane Austen, Tolkien ou Nietzsche, par leur génie, leur originalité, ne peuvent avoir été que des autistes qui n’ont pas pu être diagnostiqués.
En fait, pour l’auteur toujours, nous devrions revoir notre passé davantage à l’aune de ce que les autistes ont pu apporter non seulement au savoir, mais aussi à la vie politique et sociale. Cette tendance à voir de l’autisme partout me gêne, car c’est encore et toujours mettre les gens dans des cases, placer des étiquettes sur des identités. Comment peut-on affirmer que telle personnalité passsée, parce qu’elle a été créative et originale, serait forcément autiste ? Cela me gêne aussi, car c’est un peu de la récupération politique : comme d’autres minorités, le handicap doit être plus visible dans notre société. Mais pourquoi vouloir toujours tirer toute la couverture à soi. La différence ne se vit réellement que lorsqu’elle est Autre et je ne comprendrais jamais ces gens qui veulent absolument faire partie de cette société malade ! Pourquoi vouloir affirmer que le monde a aussi été construit par les homosexuels, les juifs ou les handicapés ! C’est une évidence puisque tous sont avant tout des HUMAINS et que le monde n’est qu’un monde humain. Pourquoi vouloir toujours revendiquer sa marginalité. C’est risquer de se faire engloutir par la masse informe du monde consommable. La différence ne peut exister que si elle Autre que la norme. Vouloir être accepté par la Norme c’est perdre son essence marginale.
Effectivement, s’occuper de quelqu’un d’autiste n’est pas une sinécure comme tu dis. Ca m’est déjà arrivée occasionnellement, et c’est assez difficile à gérer…
Sinon, que l’auteur cherche des autistes partout chez les génies créateurs… Ca veut dire que les personnes non-autistes sont de toute façon trop connes pour avoir pu faire ça ? Ah ouais, d’accord…
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En fait je ne sais pas si c’est cela qu’il veut dire, mais à la fin, quand à chaque fois qu’il te sort un nom d’un génie quelconque ou qu’il te parle d’un univers du savoir un peu élitiste, il t’explique qu’il y a forcément de l’autisme dedans, cela finit par être exaspérant !
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J’avoue que ça m’aurait agacé aussi…
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