Je n’ai pas très bien compris pourquoi le service public avait décidé de diffuser cette série en deuxième partie et même fin de soirée ! D’autant plus que les jours précédents il y avait eu un sacré tapage publicitaire pour vanter cette nouvelle série US. En tout cas, j’avais été appâtée, mais il était totalement impossible pour moi de suivre les premières diffusions si tard un jour de semaine !
J’ai donc profité des vacances pour rattraper ce retard. Et bien m’en a pris, car effectivement, Mr Robot est une série vraiment géniale (bon, je ne trouve pas d’autres mots pour l’instant). A ce jour je n’ai regardé que les deux premiers épisodes, mais je suis accro.
Tout d’abord grâce au jeu de l’acteur principal, Rami Malek, qui possède un visage à la fois expressif et glacial et qui joue à la perfection Elliot Alderson, ce geek mal dans sa peau, peut-être un peu autiste, mais qui veut faire de grandes et bonnes choses.
Ensuite parce que le pilote d’une heure m’a furieusement fait penser à Matrix ! Déjà, le héros s’appelle Alderson… ce qui est très proche de Mr Anderson aka Néo de Matrix. Il y a également la jointure entre deux univers, l’un très propre, moderne, celui où tout le monde travaille et vit dans une grande ville et l’autre, souterrain, mystérieux, celui des hackers, de la drogue. Le héros est celui qui est l’intermédiaire entre les deux mondes, et qui sait qu’il vit dans une illusion, que quelque chose cloche. Il y a la critique de cette société, dans la série c’est clairement celle du capitalisme triomphant de notre époque où tous les êtres humains sont des esclaves d’une petite élite très riche et qui avide de pouvoir. Il y a enfin l’idée de choix et d’action : on peut n’être qu’un pion dans la Machine, mais on peut aussi faire le choix de faire quelque chose pour contrecarrer la Machine. Dans Martix ce sont des pilules qui symbolisent le choix, dans la série c’est la référence au code binaire, on est soit un 1 soit un 0. Cette « révélation » est faite au héros solitaire par un mentor, Mr Robot ici, qui le pousse à faire le choix de l’action. Derrière le héros et les hackers, il y a aussi les Men In Black, les Agents Smith de Martix, que Elliot voit partout et qui semblent le suivre.
La force de la série est de coller parfaitement à l’actualité, celle de la crise financière, des inégalités économiques de plus en plus énormes dans nos sociétés capitalistes, de l’avidité de certains, de l’élite qui prend tout, de la puissance obscure et opaque des grandes sociétés qui régentent finalement le monde à la place des gouvernement. Evil Corp., le conglomérat que Elliot veut combattre, c’est Enron… les hacker de Fsociety sont les Anonymous qui se cachent sous des masques.
L’autre force est celle du personnage central, Elliot, qui dialogue avec lui-même (la voix off de sa pensée est un vrai plus dans l’action), solitaire, drogué, ingénieur surdoué dans une société de cyber-protection dont le principal client, E Corp, vient de se faire pirater son réseau à grande échelle. C’est un Robin des Bois moderne, qui utilise ses dons de hackers pour faire tomber les « méchants » de la société, pédophiles, dealers, menteurs… mais il voudrait faire plus, voir cette société qu’il déteste, car il ne sait pas s’y adapter, tomber. Mais il est seul et surtout il est comme tout le monde : il a peur des conséquences de ces actes, tant pour les autres que pour lui-même. Pas facile de faire la révolution… c’est bien plus facile de la prêcher que de passer à l’acte. On peut rêver de voir le monde s’écrouler, mais quand on a la possibilité de le faire, peut-on aller jusqu’au bout ?
Alors c’est sûr, Elliot n’est pas n’importe qui, il est doué en informatique. Mais n’importe qui peut se poser les mêmes questions : si je ne suis pas si bien que cela dans ce monde-là, je peux ne rien faire, attendre que cela passe, attendre la mort et tenter de survivre ou même de prendre aussi ma part du pouvoir ; ou bien je peux essayer de faire quelque choses, petites ou grandes, seul ou avec d’autres.