De la peur

La peur est le maître mot de toute notre psychologie. Elle prend de multiple formes, et elle est donc difficile à reconnaître et à pointer. C’est un serpent lové au cœur de notre esprit qui paralyse toute action et pensée justes. La regarder au plus près permet de l’affaiblir mais son ancrage, millénaire dans nos gènes, est difficile à déverrouiller. La Grande Peur est celle de la Solitude et de la Mort que l’on tente de soutenir par des tas d’actions et de relations humaines. C’est la peur qui provoque tous nos conflits et notre dualité maladive. Chacun d’entre nous possède ses propres peurs, en fonction de son histoire, de son enfance ; par exemple pour moi, c’est la peur irraisonnée de ne pas être aimée, de ne pas être importante pour les gens que j’aime. De ces angoisses nées de traumatismes, naissent notre confusion et les saisies que nous faisons sur nos émotions et nos pensées. La peur engendre la souffrance, qui n’est pas issue du malheur que nous feraient subir les autres, mais de nos propres enfermements. Si j’ai peur de mourir ou même d’être malade, ce n’est pas la mort elle-même qui me fait souffrir, mais ma saisie de l’idée de mort ou de maladie, le scénario que je vais me constuire autour de cette idée. J’essaye alors de résister, de m’arc-bouter contre l’idée, que je crois être réelle, et je me fais souffrir. L’origine de cette peur est la croyance, fausse et illusoire, qu’il existe un espace, une différence entre mon ego, mon esprit, et le monde extérieur. Je suis ce monde et le monde-là est en moi. Résister à ce fait, ce que nous faisons quotidiennement en posant notre ego contre tout et tous, provoque la peur et la souffrance.

Le remède alors ? Se laisser bercer par l’inconnu, savoir se sentir nu et faible face à la vie, aux aléas, aux chiens qui aboient comme aux fleurs qu’on vous adresse. L’armure qui nous sert de cachette, où nous croyons échapper à la peur, peut s’ouvrir lentement et délicatement. Ouvrir l’armure pour laisser entrer le monde, qui de toute façon à toujours été là, au plus près de nous, et qui parfois entrait dans quelques failles de la cuirasse. Ces matins d’été, ces printemps lumineux, ces regards amoureux, toutes ces joies que l’on osait, il faut les accepter pleinement, et accueillir également les doutes et les larmes. Combattre et résister à la peur veut dire que l’on pense trouver, quelque part en soi, un endroit sécurisé et tranquille. Mais au final, la paix intérieure n’est jamais très dense ni très stable ! Si je regarde ma peur en face, que j’accepte dans toute ma conscience cette angoisse de la solitude ou de la mort, alors j’accepte une réalité, celle qu’il n’existe en moi et hors de moi aucun lieu sécure pour mon esprit. Cela ne veut pas dire que je n’aurais plus peur, car atteindre le calme mental n’est pas synonyme de mort de l’esprit (!), mais la peur n’aura plus ou aura moins d’emprise sur le cours calmé de mon esprit.

 

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Le Tibet

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