Parce que, tout de même, ça fait toujours du bien par où ça passe…
« La preuve que l’homme exècre l’homme ? Il suffit de se trouver au milieu d’une foule, pour se sentir aussitôt solidaire de toutes les planètes morte. »
Cioran, Ecartèlement
Comment est-ce possible, avec si peu de mots, parvenir à concentrer dans d’émotions contradictoires dans l’esprit du lecteur ? C’est le génie de Cioran. A la lecture de ses aphorismes, on rit d’abord (en tout cas, pour ma part, c’est la première réaction !), on rit devant tant de justesse, de cruauté, de perversité parfois, mais qui tombe toujours juste, là exactement où sa fait mal, là où personne ne va jamais regarder, surtout pas ceux et celles qui crient haut et fort qu’ils se connaissent. Ne pas apprécier Cioran c’est ne pas s’aimer soi-même, dans cette bienveillance qui n’est jamais naturelle et que l’on doit avoir à son propre égard ; ne pas comprendre Cioran c’est ne rien comprendre à son propre Soi ! Ce qu’il décrit dans cet aphorisme, tous ceux de mon espèce l’on ressenti des milliers de fois : se sentir seul au monde, une solitude ontologique, au milieu d’une foule, de la famille ou pire d’amis… il n’est pas question de sentiments, de ne pas aimer les autres, car Cioran n’était certainement pas un autiste. Mais seulement poser une regard froid, chirurgical sur l’humanité qui n’a vraiment rien de divin !