Autre chose

Pas facile de faire vivre un blog… écrire au quotidien n’est pas une évidence pour moi. C’est d’ailleurs pour cela que je sais que je ne serai jamais rien d’autre qu’une blogueuse aléatoire, en passant. Mes rêves adolescents d’écriture au long court ont pris depuis longtemps les couleurs d’illusions. L’écriture n’est pas une urgence pour moi, c’est dommage, mais c’est ainsi. Parfois il faut savoir faire des deuils de ses propres facultés. C’est aussi le manque de temps, cet emploi du temps qui barre la route perpétuellement aux désirs de faire et de vivre autrement. Nietzsche disait que quelqu’un qui n’est pas maître des deux tiers de sa journée est un esclave. Alors je suis une esclave, et cet esclavage me pèse de plus en plus. C’est pour cela que je vais essayer de changer voie, de changer de voix aussi. Je voudrais quitter l’enseignement et commencer une seconde carrière, comme on dit pudiquement dans les cabinets des ressources humaines. Mais ne plus être enseignante, c’est l’aventure, car personne ne vous attend, et même, tout le monde vous méprise. Car être prof, c’est ne savoir rien faire, ou si peu.  Et puis nous avons l’extrême chance de vivre dans un pays et une société qui ne savent absolument pas faire d’écart de pensée, tout dans le cartésianisme : si vous avez tel diplôme c’est que forcément vous savez faire telle chose. Si vous n’avez pas tel diplôme, vous ne savez pas faire telle chose. Si vous n’avez pas de diplôme… alors là, malheur à vous, vous ne saurez encore moins faire toujours moins. Nous avons le culte du diplôme et pas du tout de l’enthousiasme et de la motivation. Nous faisons plus confiance à un bout de papier qu’à une personne qui voudrait innover ou faire autre chose. Parfois j’ai des envie d’ailleurs…

Le pire dans tout cela, c’est que j’en ai des diplômes, et plus que la moyenne. Mais visiblement ce ne sont pas les bons, ou du moins ils me confinent dans un monde que je voudrais justement quitter, pour voir si l’herbe ne serait pas plus verte un peu plus loin. J’ai envie de nouveauté, de nouveaux défis, d’horizons différents, d’autre chose. Je m’ennuie, c’est bien cela que l’on me reproche. Je m’ennuie souvent parce que j’ai fait déjà cent fois le tour de ce qu’il y avait à voir ici et là. Alors je voudrais voir plus loin. Mais non Madame ! Pourquoi voulez vous quitter le doux cocon de votre fonction bien méritée, de votre salaire si peu mérité, et de vos avantages multiples et variés ?

Je suis donc en quête d’autre chose, quand la plupart des gens de mon âge (une petite quarantaine) ne cherchent qu’à pérenniser ce qu’ils ont si chèrement acquis. Pourquoi vouloir tout recommencer à zéro ? Parce que les passions sont passées et que comme l’amour, il faut les renouveler. Je suis bien trop héraclitéenne ou bouddhiste pour ne pas avoir ancrée en moi la folie du mouvement, du changement, de l’impermanence qui sont mon dogme de vie, ma doxa inaliénable.

“Rien n’est permanent sauf le changement » disait Héraclite. Sauf dans notre monde où l’on vénère l’Un et l’Absolu fixe et réactionnaire.

Une petite nouveauté pour le week-end : le nouveau single de l’excellent groupe folk Beirut