Le problème c’est que la démocratie représentative n’est plus la bonne recette. L’idée même qu’une seule personne, homme ou femme, ou que même un petit groupe de personnes, puisse à présent prendre des décisions pour toute la communauté parce qu’ils ou elles auraient été élu-es une fois, un dimanche après midi, cette idée à vécue. Peut-être n’est-ce pas la fin totale de la représentation par l’élection, mais du moins il va falloir que l’institué change, évolue. De plus en plus de citoyens veulent avoir leurs mots à dire, même plus, ils veulent pouvoir participer aux débats et aux décisions. Ce n’est pas seulement des consultations qui sont nécessaires, c’est bien tout un nouvel espace que certains, malheureusement pas encore assez, veulent reprendre aux professionnels de la politique. Je pense que l’on en a assez de LA politique, celle qui se pratique surtout à Paris, dans les grandes écoles, dans les médias à la botte, chez certains plumassiers, et qu’il existe une vraie aspiration AU politique. LE politique, le fait de vivre ensemble et donc de décider ensemble, de créer ensemble nos propres règles, de décider de ce qui est bon ou non, pour une communauté, un groupe, un territoire. L’autonomie des individus est devenue telle, cet hyperindividualisme qui nous anéantit dans les bombes artisanales des terroristes est tellement destructrice qu’il doit advenir à présent une plus gande autonomie collective. Ceci n’est pas le fait de la « démocratie » et surtout pas de l’Etat. Cet Etat que l’on pense encore l’héritier des luttes démocratiques historiques mais qui s’est transformé au XXIe siècle en un Etat corporatiste, autre face du néolibéralisme économique. Un Janus à deux têtes maudites alors que l’on pense que le Diable ne serait que dans l’argent. Il n’est qu’à regarder avec sang froid cet Etat d’Urgence qui est le syndrôme parfait de ce que Naomi Klein appelle « la stratégie du choc ».
La liberté que nous avons acquise de façon individuelle, même perfectible, doit devenir le fondement de nos révolutions intérieures et de nos transformations collectives. Comment pourront nous croire être toujours libres si l’on ne s’engage pas tous, massivement, dans la création commune de ce que nous voulons voir émerger. La légitimité est à conquérir, elle ne se trouve plus dans les urnes, message brouillé non seulement par les magouilles mais surtout par le spectacle-politique. Nous sommes tous d’accord pour dire qu’ils sont tous des guignols. Si la souveraineté réside dans le peuple, alors il est légitime pour créer de nouvelles conditions d’organisation. Pourquoi une voix élue serait-elle plus puissante, plus forte, plus légitime que des milliers de voix qui parlent pour les corps qui vivent ? L’infantilisation de la démocratie représentative n’est plus nécessaire, non seulement parce que l’éducation, malgré les coups fourrés et les obstacles, a tout de même permis de fabriquer des cerveaux capables de réfléchir (à peu près ?), mais surtout parce que toute chose à une fin. Ce modèle est en bout de course. Attaqué de toute part, il meurt en faisant beaucoup de dégâts, certes. Mais il faut hâter le mouvement.