Amélie Nothomb revise le conte

Rentrée littéraire : le premier roman que j’ai lu, comme l’an passé, est celui d’Amélie Nothomb, Riquet à la Houppe.
Amélie se dévore comme un petit macaron acidulé et crémeux qui changerait de parfum tous les ans. On aime son humour parfois grinçant et son regard finalement très doux sur ce qui l’entoure.

« Déodat décida de s’inspirer autant que possible de cette attitude envers ses condisciples. Les enfants de sa classe étaient comme tous les autres, irrécupérables. Cela n’en faisaient pas des démons, ils ne méritaient aucun châtiment. Il fallait seulement qu’il apprenne à vivre comme les oiseaux vivent, pas avec les humains, mais parallèlement à eux, à quelques mètres d’eux. Mais quand un moineau mangeait dans la main d’un homme, il demeurait entre ces deux règnes une distance infranchissable : ce qui sépare une espèce qui vole de celle qui rampe. »

imageCe nouveau livre d’Amélie Nothomb, tiré du conte Riquet à la Houppe, ne raconte pourtant pas l’histoire de Riquet, mais de Déodat, dont le prénom est lourd à porter. De toute façon, dans cette histoire, tous les personnages ont des prénoms lourds à porter… Il n’ont pas que cela à porter d’ailleurs : Déodat est très intelligent mais très laid, ce qui automatiquement le place en marge du monde, des autres. Il apprend très vite à s’y faire et vit même son extrême laideur comme un cadeau qui lui permet de s’extraire de la société et d’en apprendre plus sur l’univers. Il se passionne alors pour les oiseaux et devient ornithologue. De l’autre côté, Trémière est une très belle jeune fille, contemplative et très proche de sa grand-mère qui l’élève. Son attentisme passe pour de la bêtise, alors qu’elle possède le formidable don d’observation et même davantage, celui de contempler le monde au point de se fondre en lui, de le sentir exister.

C’est un livre sur la différence, l’apparence et l’intelligence extrêmes, qui attirent et repoussent les autres humains. Quand la différence ne peux être vécue que comme une exclusion parce que la société ne peut fonctionner que par « moyenne pondérée », que par la norme qui se mue en normalité et qui étouffe les particularités des êtres uniques.

On a envie, comme Déodat, de s’enfuir loin de ce monde conforme, comme les oiseaux qui non seulement sont beaux, sont les plus formidables artistes du monde vivant et de plus sont libres. Mais malheureusement, tout comme Déodat encore, on préfère souvent se laisser tenter par un beau sourire et se plier aux lois non plus de la Nature mais du « il faut faire comme tout le monde ».

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