La chasse

Dans les bois près de chez moi

J’ai la chance d’habiter à la campagne. Le bruit, la foule, le béton sont des repoussoirs et je profite du calme, de la verdure, du silence presque parfait de mon coin rural entre Nantes et l’Atlantique.
Mais en cette fin de septembre, l’automne arrivant à pas feutré, j’ai également le plaisir de profiter des journées de chasse… je veux dire par là que mes dimanches silencieux ou accompagnés de quelques notes de musique classique sont perturbés par les coups de fusil qui, intempestivement, emplissent l’air aux alentours. C’est vraiment très étrange quand, au fond de son lit ou dans mon bureau qui donne sur mon jardin et où j’écris cet article, on entend une détonation, comme un coup sec, qui claque dans le ciel gris et pluvieux. La plupart du temps le bruit va part deux : les chasseurs seraient-ils mauvais qu’ils ont besoin de deux coups de fusil pour abattre leurs proies ?
Quand je vais me balader, je les vois souvent, et je vais peut-être casser un mythe ou entamer une lutte des classes, mais ils viennent avec de grosses voitures, des 4X4 qu’ils garent dans les chemins à la va-comme-je-te-pousse. Quand les chasseurs sont dans le coin, la balade n’est jamais très longue, j’ai trop peur de me prendre une balle perdue : je ressemble bien trop à un sanglier !
Ce qui me gène de plus en plus, en fait, ce n’est pas tant que certains aiment à ce point la nature qu’ils partent la saccager sous prétexte d’une tradition dont nous n’avons plus besoin (merci les élevages intensifs… et pourtant je ne suis pas végane !). Non, ce qui me gène de plus en plus, d’année en année, c’est le son sec du coup de fusil, ce son qui pour moi, au fond de ma maison tranquille, résonne comme un arrêt de mort. Chaque détonation est le signe de la fin d’une vie… animale me dira-t-on, mais tout de même, une vie.
Alors, chers lecteurs, vous allez me dire qu’en ce moment je n’écris pas vraiment sur des thèmes très joyeux ! La mélancolie de l’automne sans doute, sans que cela n’affecte réellement ma joie de vivre.
Les chasseurs qui marchent dans la campagne sont la même force de prise de conscience pour moi que si j’habitais à côté d’un abattoir. Je ne vois pas les animaux périr sous leurs coups de feu, je ne fais qu’entendre, même pas les cris ou les râles, mais seulement le son funeste qui s’échappe d’un canon de métal. La mort est à la fois très près et finalement très lointaine. Je ne sens même pas la violence qui se cache derrière le geste lui-même : tout est si « civilisé ». La nature doit être domptée, c’est ce que nous apprend le père Descartes. Mais il n’est, heureusement, plus tellement en odeur de sainteté ces temps-ci. L’idée très biblique que l’être humain aurait le contrôle et le pouvoir sur la nature parce qu’il serait la finalité de la Création, est aussi en perte de validité ! Comme la Corrida, la chasse est un acte d’un monde rationnel qui est en train de s’éteindre. Cela ne veut pas dire que le monde qui point serait un monde irrationnel, mais seulement que ses valeurs ne se fondent plus sur la toute-puissance humaine. C’est très anti-nietzschéen tout cela ! C’est sans doute plus un éveil de conscience que l’humain n’est qu’un élément de cette nature, et absolument pas sa finalité et encore moins son maître.

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Un commentaire sur “La chasse

  1. Je souscris à tout ce que tu as dit, mais je suis végétarienne, je suis beaucoup moins objective que toi 😀

    Cependant, je suis pessimiste et je pense que les animaux continueront à souffrir pendant de longues années… Les gens qui me disent qu’ils en ont rien à foutre des animaux sont légions. Et la chasse… Brr. (et les gars avec des 4×4, c’est même pas un cliché !)

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