Encore un partenariat avec Netgalley pour cette lecture dont j’avais envie après les éloges que le très médiatique Gérard Collard avait proféré dans différentes émissions à propos de ce roman.
Depuis quelque temps je lis moins de thriller et de romans noirs, sans doute une overdose de sanglant et d’effroi, surtout dans la veine des romans français. Sire Cédric, Karine Giebel, finalement cela fait peur 🙂 et parfois il faut lire autre chose.
Mais je savais que ce roman était différent, tourné autour d’un personnage qui, a priori, est un monstre.
Synopsis
Pire que la peine de mort : la réclusion à perpétuité…
28 octobre 1980. Jefferson Petitbois, condamné à la peine de mort, est incarcéré à la maison d’arrêt de Fresnes. Pour rejoindre sa cellule dans le couloir de la mort, il croise la » Louisette « .
Comme un outrage à la dignité humaine, un doigt d’honneur à la vie, la guillotine trône au milieu de la cour.
Accompagné de deux gardiens, il la frôle et sent son odeur de graisse et de limaille.
Dix-sept ans ! Suffisamment grand pour tuer donc assez vieux pour mourir…
Deux ans auparavant, Jefferson avait rencontré Max, son protecteur et mentor. Iboga était alors entré en lui. Iboga l’avait rendu plus puissant. Immortel. Meurtrier.
Une fois, Max m’a dit quelque chose que j’ai compris plus tard : Si tu commences à mentir, mec, tu seras obligé de le faire tout le temps et tu seras piégé un jour parce qu’il y aura des incohérences, des trucs qui n’iront pas ensemble. En revanche, si tu dis la vérité, tu ne seras jamais mis en défaut.
J’ai dit la vérité aux flics, avocats, juges et jurés. J’ai pris perpète et failli avoir la tête tranchée.
Ce livre raconte la vérité… La vérité selon Jefferson Petitbois… Un homme trop jeune pour mourir.
J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Tout d’abord pour le style de l’auteur, pressé, rapide, haché comme les sentiments et les émotions que l’on ressent à la lecture de la vie de Jeff.
L’histoire ensuite, celle d’un jeune homme, Noir, qui est condamné à mort en 1980 pour des meurtres. Au début du livre, on ne sait pas ce qu’il a vraiment fait. On sait juste qu’il a tué. Qu’il est condamné à mort et qu’il se retrouve dans l’antichambre de la mort. Les premiers chapitres sont consacrés à cette terreur de l’attente du condamné, de son angoisse quand il voit, de sa cellule, la guillotine qui l’attend. Louisette. La faiseuse de veuves.
Mais on est aux portes de l’élection présidentielle de 1981 et Mitterrand commue la peine de mort en perpétuité. Mais est-ce une si bonne chose ?
On retrouve alors Jefferson 10 ans, 20 ans plus tard. Il est à l’isolement dans une prison au bord de l’océan. Il peut sentir l’iode et entendre les vagues, mais il ne sort qu’une heure par jour dans une toute petite cour grillagée. Sa violence est toujours présente jusqu’à ce qu’il accepte l’aide d’un gardien, Jean, qui décide de le sortir de son ignorance et de la fatalité sociale dans laquelle il a grandi. Il réapprend à lire et surtout à écrire. Il écrit alors son histoire, sa vérité.
Le roman est écrit à la première personne, celle de Jeff. On est dans sa tête et dans ses souvenirs. On ressent physiquement, durant la lecture, l’oppression de la prison et de la cellule. L’oppression de l’isolement et du dénuement total. Il n’est pas question de s’apitoyer sur le sort de Jefferson : il a tué, il a massacré, il a violé. A-t-il vraiment violé ? En tout cas il a été condamné. Pour certains, c’est un sous-homme, une raclure, une ordure qui doit continuer à souffrir dans sa prison. Il n’est pas question de cautionner ou de pleurer sur la pauvre vie d’un gamin abandonné dans les années 60, placé de familles d’accueil en foyer. Il est question de comprendre et surtout de sentir, de ressentir. Ressentir le confinement et aussi ressentir les meurtres. Jefferson raconte petit à petit ses meurtres et surtout le premier. Et là on est avec lui, dans sa tête, ses souvenirs, ses émotions, ses perceptions. C’est très fort, car ce n’est pas sanglant, violent, glauque. On est dans la tête et dans les mains d’un jeune homme qui tue pour la première fois une jeune fille. C’est à la fois fascinant et dérangeant. C’est la réussite de ce livre.
Le personnage balance entre la réalité et les hallucinations que lui a procurées la drogue, Iboga, que son mentor en crimes, Max, qui l’a sauvé de la noyade suicidaire quand il avait 14 ans, lui fait boire jour après jour. Les meurtres ont été commis sous l’emprise de la drogue et dans sa prison, Jefferson paye encore son addiction.
Il n’existe pas de rédemption pour l’assassin, mais c’est par la parole et par l’écrit qu’il réussit à vomir enfin toutes les souffrances et les douleurs qui ont construit sa vie si fragile.
Bonsoir. Je ne peux qu’approuver le commentaire pour « Iboga » car christian Blanchard est un auteur que j’admire. Je possède quinze livres et six pamphlets de cet auteur et chaque fois c’est un régal et une grande satisfaction. A lire absolument.
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