La politique actuelle est encore marquée par les idéologies platoniciennes. Ces dernières sont pourtant mortes mais nous ne vivons toujours pas au présent. Après l’espoir du Paradis des lendemains qui chantent, notre époque chante plutôt les malheurs des générations à venir. Nous chantons un âge d’or qui n’est ni un passé outrepassé ni un avenir illusoire, mais un présent qui ne serait pas celui-ci, trop tragique. C’est un âge d’or qui se trouverait dans un univers parallèle si on changeait radicalement nos modes de vie. Le passé est une époque à la fois d’innocence, d’ignorance et de naïveté, tandis que l’avenir (celui de nos enfants, car nous ne serons plus là, heureusement ! Quelle hypocrisie !) ne peux être qu’apocalyptique, dangereux, voire fatal pour l’Humanité.
La politique n’a que faire du présent, le présent ne l’intéresse pas. La politique n’a que faire du Carpe Diem. Sa proie est toujours demain ou hier, auquel il faut ressembler ou au contraire oublier. La politique, c’est dans ses gênes platoniciens, ne peut se préoccuper que de ce qui n’existe pas, plus ou pas encore. Elle ne peut donc pas nous rendre heureux puisque la bonheur n’est qu’ici et maintenant. La politique ne supporte pas le monde tel qu’il est, car sinon à quoi servirait-elle ? Réformer ? Légiférer ? Débattre ? Discourir ? C’est toujours parce qu’ici et maintenant est décevant. Mais c’est bien plutôt cette incapacité à apprécier le présent, même et surtout imparfait, qui fait notre tragédie.
Mais, on rétorque, sans politique, point de liberté, de progrès, de croissance économique, de sécurité. Plutôt cette fuite en avant qu’un mortel sur place comme aux tant an-historiques ! L’état de nature est-il l’état de guerre tous contre tous ou bien le paradis perdu de l’humanité ? Le mouvement n’est pas dans l’idée de Progrès. C’est plutôt une idée de fuite en avant qui aujourd’hui nous fait insatisfait de ce que nous sommes ou pourrions êtres. Rien à ajouter sur le degré ultime de déliquescence de notre société nourrie depuis 250 ans de l’idée de progrès.