Quand on a mal au dos il paraît qu’il faut marcher ! Ce sont les recommandations de mon médecin. Voilà une ordonnance facile à respecter et pas très chère pour la solidarité nationale.
Par ces premiers jours de printemps, la campagne nantaise nous dévoile ses charmes. On en parle beaucoup ces temps-ci dans les journaux nationaux, à propos de Notre Dame des Landes, paysage bocager que j’apprécie beaucoup. Mais en dehors des sentiers côtiers, il y a aussi dans la région d’autres paysages à voir.
C’est le cas des bords du canal de Nantes à Brest. De nombreuses balades, que ce soit à pied ou à vélo, permettent aux promeneurs de flâner entre verdure et eau douce. Peu de touristes par ici, seuls les habitués savent les coins à pique-nique et le bonheur qu’il y a à marcher sous les frondaisons vertes pommes des arbres qui coulent tranquillement dans les bras de l’Isac.
Entre Redon et Nantes, en particulier autour des communes de Genrouët et de Blain, les chemins, les sentiers et entre autre le GR de la vallée des Trois Rivières, permettent de découvrir cette beauté cachée.
Il ne s’agit pas, comme dans le Midi ou à Suez, d’une construction humaine ex nihilo. En fait, au XIXe siècle, on a juste canalisé, aménagé plusieurs cours d’eau locaux pour les rendre navigables. Ici il s’agit de l’Isac qui fait suite, à l’ouest, à l’Erdre, affluent de la Loire juste avant l’Estuaire. L’Isac est elle-même un affluent de la Vilaine, fleuve breton septentrional.
Quand on quitte le bord de l’eau, on vagabonde dans de petits hameaux, parfois de quelques maisons, parfois un peu plus consistants, comme celui de Saint Clair d’où on peut partir en balade, ou celui de Sainte Anne.
Chapelle Sainte Anne – commune de Genrouët
Les chapelles, les reposoirs, les calvaires, les croix sont très nombreuses en Loire Atlantique, comme dans tout l’Ouest de la France. Elles sont le signe de cet habitat dispersé qui maille le paysage et qui procure, en balade, une sensation particulière : celle de ne jamais se sentir totalement isolé.
Le christianisme n’est pas seul dans ces terres. On trouve parfois de petits sanctuaires dans un creux d’arbre, sous un rocher. C’est la présence d’ex-voto, émouvant, et signe d’une présence humaine venue s’y réconforter, qui donne un sens au lieu.
Que vient-on faire ici ? Qui vient-on prier et pourquoi ? Les fleurs qui encadrent l’ouverture du rocher sous l’arbre, manifestent un respect qui nous reste énigmatique. Ces croyances animistes sont les plus universelles qui soient. J’ai connu des gens qui, dans l’Himalaya, pensaient qu’il y avait un esprit dans un arbre qui marquait le début d’un sentier de montagne. Quand on voulait l’emprunter, il fallait faire un détour pour éviter de réveiller l’esprit et qu’il nous jette son mauvais œil, risque inconsidéré quand on se balade à plus de 4000 mètres d’altitude !
Ici, au bord du canal, quel esprit vit sous cet arbre ? Vient-on lui demander la fertilité des champs et des femmes ? Vient-on le remercier d’un bonheur très humain ? En tout cas, je trouve pour ma part que ce petit sanctuaire a peut-être plus de force, par sa simplicité et sa naïveté, que toutes les pierres accumulées pour construire des édifices à la gloire d’un être suprême qui, s’il existe, ne doit pas être très préoccupé en ce moment de ses créatures. Les croyances dans la nature me semblent être plus empreintes de bon sens et de logique ! Car nous faisons partie d’elle, nous sommes elle, elle est en nous.