La Bretagne est connue pour ses petites citées de caractère. « Caractère » cela veut dire des maisons grises et bleues, en granite solide et aux volets et huisseries peintes en bleue. Cela veut dire des petits bourgs anciens, parfois très anciens, médiévaux, avec des maisons à pan de bois, que l’on préserve jalousement des assauts du temps et de la pollution des Hommes. La Gacilly fait partie de ces petites cités de caractère, aux confins orientaux de la Bretagne, aux portes de la forêt de Paimpont, la fameuse forêt de Brocéliande. La Gacilly est surtout connue des youtubeuses et blogueuses beauté pour être le centre névralgique d’une marque française de cosmétiques : Yves Rocher. D’ailleurs, en bas de la ville, on trouvera un centre Yves Rocher avec bien entendu une boutique, pour les fans de la marque. Mais la Gacilly est depuis quelques années également connue pour son plus grand festival européen de photos en plein air. La ville est ainsi investie tous les ans, et ce, depuis 15 ans déjà, par des artistes venus du monde entier, exposant autour d’un thème. Cette année le thème est on ne peut plus tendance (même si c’est une tendance à la déprime au vu des conditions climatiques, de la pollution et de la surpopulation qui nous menacent) : c’est la Terre en Questions.

Programmation nature
Le festival est gratuit, mais une participation libre est possible à la roulotte à l’entrée du village où l’on vous guide sur le parcours. Les photos sont placardées sur les murs des maisons ou installées sur de grands panneaux dans des recoins verdoyants. Elles sont rangées par sous-thèmes. Il y en a 4 cette année : Hymne à la terre / Poésie de la nature / Territoires des hommes / Une planète surexploitée

J’ai visité l’exposition par une très belle journée d’août, une de ces journées de canicule, et le parcours de visite est long. Prévoyez de bonnes chaussures de marche, des couvre-chefs ou des parapluies, car la plupart des images sont à l’extérieur. Il est, par ailleurs, possible de faire tout le parcours en une journée, mais c’est comme dans un musée : si on aime prendre son temps devant les œuvres, regarder vraiment et pas seulement passer devant, il faut être endurant. Le festival est bien sûr une belle occasion pour la Gacilly de se faire connaître et d’attirer les touristes qui restent la journée dans le village ou aux alentours. Vous aurez à disposition le nécessaire pour vous loger ou vous restaurer.

La Terre vue de l’Espace
La Star du festival est l’astronaute Thomas Pesquet, qui présente des images de la Terre vue de l’espace. Les photos sont légendées et Thomas Pesquet explique les conditions de prise de vue et ce que l’on voit. Il y a également un petit film qui explique la vie dans l’ISS.
Il y a également des images d’animaux d’Afrique ou d’Asie de plantes prises au microscope et de paysages d’Amérique ou d’Europe. Tous les continents sont représentés et toute la diversité de la Terre est là.

Les photographes sont présentés par des cartouches biographiques très complets qui expliquent leur travail et leurs engagements. La plupart des images sont légendées.
Mais ce que j’ai trouvé très fort, en fait, ce sont plutôt toutes les photos d’humains. En effet, en allant à la Gacilly, je m’attendais avant tout et presque exclusivement à regarder des images de la nature. Puisqu’il s’agit de la Terre en questions ! Mais la programmation du festival m’a trompé, est c’est très bien : l’humain fait partie de la nature, et on l’oublie bien trop souvent !

Les Humains sont aussi fragiles

Deux photographes m’ont particulièrement touché. Tout d’abord le russe Emil Gataullin. C’est la première série que j’ai vue en entrant dans le parcours végétal. Toutes les images sont en noir et blanc et certaines, comme celle de ces deux jeunes gens, frère et sœur nostalgiques, m’ont vraiment bouleversée. J’ai eu la sensation de regarder un tableau de maître, une de ces images intemporelles qui parle de l’humain et qui dévoile les fragilités de l’âme humaine. Ces photos peuvent sembler fouillis, mais en fait, quand on s’y arrête, on est bercé par la douceur du regard du photographe et par l’exigence de sa composition. On ressent également toute la force de la vie russe, la rudesse de ces existences aux confins de l’Europe, sur une Terre généreuse, mais aussi cruelle. Sur d’autres images du festival, on peut voir les ravages que les humains font subir à la planète, mais avec Gataullin on voit que les Hommes sont aussi de pauvres choses ballottées par le monde et qu’ils font partie de ce Tout.


L’autre photographe qui m’a touché est Miquel Dewever qui, en Guyane française, à fait les doubles portraits d’Amérindiens. Deux portraits avec la même pose, mais pas avec les mêmes vêtements. Un premier portait où la personne, femme, enfant, jeunes ou vieux, pose avec ses vêtements traditionnels ; et l’autre portait où elle pose avec des vêtements occidentaux. Ce qui frappe avant tout ce sont les visages : la plupart des modèles sont d’une tristesse sans fin, en particulier quand ils posent avec les vêtements occidentaux. On mesure alors toute la violence que ces peuples d’Amérique ont subie et subissent encore et surtout que cette violence soit le fait de la France, et non d’un pays « voyou » comme les États-Unis ou les Espagnols du temps des Conquistadores, qui sont eux considérés comme des nations qui ont volontairement détruit ces cultures. Non, cette violence se passe en France…

J’ai moins été attirée par les photographies de paysages urbains, que cela soit en Inde ou en Europe. Même si cela fait partie des problèmes qui se posent à la Terre : l’urbanisation qui galope et qui détruit le monde du vivant.

Quoi qu’il en soit, si vous passez par le sud Bretagne, si vous allez vous balader vers Redon et la forêt de Paimpont ou même à Vannes, pensez à passer au moins quelques heures à la Gacilly pour vous en mettre plein les mirettes.

Superbe ! Je voulais y faire un saut un WE et je n’ai pas pu. Je vais me dépêcher d’y aller avant fin septembre !
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